Avec son deuxième numéro, la revue “Limite” poursuit sa critique d’un monde soumis aux lois du marché et de l’utilitarisme.
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Nous les avions laissés en septembre dernier avec une première invitation à la décroissance et un double appel : au renouveau spirituel d’une part, à la conversion écologique d’autre part. Quelques plumes acérées y dénonçaient un libéralisme aveugle (réflexion prolongée dans Faut-il se libérer du libéralisme ? de Falk Van Gaver et Christophe Geffroy, Éd. Pierre-Guillaume de Roux, janvier 2016), une société aux mains d’élites internationalisées, déconnectées du peuple, appelant à un changement drastique de nos comportements, en un mot, à une “écologie intégrale”. Depuis le 15 janvier, Limite revient à la charge et propose cette fois-ci son alternative au grand marché mondial de la société marchande : à naufrage mondial, ancrage local.
Au programme quelques articles instructifs de Gautier Bès, Eugénie Bastié ou Paul Picaretta, rédacteurs en chef de la revue, plusieurs entretiens avec les bretteurs du moment (Olivier Rey, Natacha Polony) qui dénoncent le traité transatlantique en préparation (le fameux Tafta) ou la COP21. La conférence climat travaille à la possibilité d’une croissance verte ? Limite veut une décroissance, quelle qu’en soit sa couleur. C’est à ce prix, et à ce prix seulement, qu’une vie authentiquement humaine lui paraît possible.
Ancrage local ?
À coup d’exemples concrets, Limite veut faire passer le message, quitte à grossir un peu le trait : “Subordonné aux machines qui rythment sa journée de travail, le salarié multifonctions abandonne peu à peu toute humanité au profit de la productivité et de l’efficacité”, écrit par exemple Ludivine Bénard dans une critique acerbe de McDonald’s. Contre la déshumanisation forcée qu’ils prêtent au marché et à l’introduction d’une logique économique qui présiderait aux relations humaines, Limite promeut un ancrage local.
La fin de “l’immigrationnisme”, la transmission de la culture et le renouvellement spirituel y sont dépeints comme autant de pistes pour ne pas devenir un simple rouage de l’économie mondiale, perçue comme un engrenage froid et rationnel, tout juste bon à satisfaire ses envies, généralement les plus viles. La redécouverte de figures culturelles, Huysmans dans le premier numéro, Pasolini ou Cendrars dans le suivant, permet de matérialiser cet ancrage et d’affuter au passage sa culture antimondialiste.
“On avait rêvé la fin de l’histoire, on se réveille avec le terrorisme islamiste, le changement climatique et le chômage de masse. Le Marché devait nous libérer et c’est le chaos qui nous traque”, déplore la rédaction. “Combien de fois, après le 13 novembre, avons nous entendu la rengaine ? Il faut continuer à vivre comme avant, sans rien remettre en cause. Et de fait, en plein deuil national, les nouvelles de la Bourse nous parvenaient entre deux pages de pub. Consommez braves gens, comme si de rien n’était, et puis Noël approche. L’État policier au service de l’impérialisme marchand, le voilà le prix de la sécurité dans le désordre global : toujours plus d’artefacts, et moins de liberté”. Apocalyptiques nos auteurs ? À les croire, s’il ne reste qu’un artefact, que ce soit celui-ci : surtout n’achetez plus rien, sauf Limite !