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Vous vous souvenez sûrement de moi : la personne assise sur le banc juste devant vous à la messe, dépassée par les enfants. Je suppose que cela ne se remarque pas, mais chaque fois qu’un de nos "fruits suprêmes du mariage" s’exprime à voix haute, joue ou salit sa couche, nous nous sentons embarrassés. Ce ne doit pas être évident car dimanche dernier, inspirée par le Saint-Esprit (je suppose) vous m’avez dit que je ne savais pas gérer la situation. Je regrette de ne pas avoir trouvé de réponses sur le champ et de ne pas avoir su dire autre chose que : "Je m’excuse".
"Les enfants sont le don suprême du mariage"
C’est en allant reprendre mon véhicule que m’est venu à l’esprit tout ce que j’aurais aimé vous dire. J’aurais aimé vous dire que les regards courroucés et les critiques concernant les enfants incitent les parents à se demander s’ils devraient les amener à la messe ; vous rappeler qu’apprenant que ses disciples ont reproché aux parents d’amener leurs enfants, Jésus indigné leur dit : "Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas ; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent" (Mt 19, 14) ; vous rappeler les mots du pape Paul VI : "Les enfants sont le don suprême du mariage…". Les enfants sont un don suprême justement parce qu’ils nous distraient, nous empêchent de nous focaliser sur nos priorités, faisant tout pour nous transformer en saints. J’aurais aimé vous dire que mes enfants bruyants à la messe c’est ce que Dieu voulait pour vous empêcher d’être centrée sur vous-même. Et vous rappeler que notre foi catholique prône la vie.
Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas ; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent.
Se laisser toucher par la détresse de l'autre
Quand j’imagine Jésus regardant notre paroisse, je vois un grand sourire lorsqu’il entend l’homélie du prêtre interrompue par le babillement, les rires et les cris des jeunes. En m’habillant ce dimanche, je comptais vous dire ce que je pensais de vos commentaires. Et c’est alors que j’ai eu cette révélation : peut-être n’êtes-vous pas ce vieil enfant grincheux que je croyais ? Peut-être que vos griefs n’avaient rien à voir avec nous, mais qu’une douleur plus profonde vous a amené à m’arrêter après la messe la semaine dernière ? Me revient une citation dans la lettre de saint Paul aux Philippiens : "Regardez les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes, regardez les autres avec humilité et au lieu de voir vos propres intérêts, considérez aussi ceux des autres" (Ph 2, 3). Me suis-je jamais demandé si vos commentaires s’expliquaient par une souffrance profonde comme la stérilité ? Ou par votre tristesse à cause d’un mari distant, dénué d’amour, indifférent ?
Les autres nous sont donnés pour faire de nous des saints
Au lieu de cela, j’ai tout ramené à moi, ruminant ce que j’aurais dû dire pour vous remettre à votre place. Je pense aujourd’hui que si Dieu a mis devant vous une famille bruyante pour faire de vous une sainte, il a fait la même chose pour moi en vous faisant entrer dans ma vie. À moi de prendre ce qu’Il m’offre à travers vous et de gâcher ma relation avec lui, ou de décider que c’est une occasion de lui dire oui et de bénéficier de tout ce qui vient avec. Ce n’est certainement pas facile mais je vais choisir cette dernière option. Je prie pour vous et vous demande de prier pour moi. Comme vous avez pu le constater sur le banc devant vous, j’en ai besoin.