Mise en garde de l’archevêque de Vienne qui demande aux évêques européens de “trouver une parole forte” commune contre les nouveaux nationalismes qui sont en train de retransformer le Vieux Continent en ce qu’il était avant la construction de l’UE.
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Le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne (Autriche), est aussi le président du Comité des congrès apostoliques de la Miséricorde comme le Congrès européen de la Miséricorde prévu à Rome du 31 mars au 4 avril prochains, et le Congrès mondiale de la Miséricorde prévu aux Philippines du 16 au 20 janvier 2017, qu’il est venu présenter lundi à la presse.
Miséricorde et migration
La Miséricorde est “un élément fondamental de la foi chrétienne (…) L’Église, mais aussi tous les politiques qui ont la foi, peuvent faire beaucoup pour la répandre”, a répondu le cardinal autrichien aux journalistes qui lui demandaient “comment la miséricorde [pouvait] faire son chemin dans une Europe de plus en plus fermée aux mouvements migratoires”. D’ailleurs, l’une des interventions au prochain congrès européen (le 2 avril) portera sur “Robert Schumann et la miséricorde politique en Europe”. Robert Schumann, un des pères de la construction européenne, qui a vécu le drame de la division en Europe “et a pourtant su concilier son engagement politique, sa culture, et sa foi”, a rappelé le cardinal Schönborn, devenant avec De Gasperi et Adenauer, l’un des grands promoteurs de l’intégration européenne, laquelle intégration fut “un projet de paix avec des valeurs, et donc en ce sens, également, un projet de miséricorde”.
Pour une vision commune
La “miséricorde chrétienne peut vaincre les peurs et les nationalismes”, estime le cardinal Schönborn, et ce jubilé proclamé par le pape François ne pouvait pas mieux tomber face aux nouveaux défis comme celui des immigrés et des réfugiés qui a pris une telle ampleur que l’Europe risque encore une fois de voir chacun “se retrancher derrière ses frontières”. Car pour l’archevêque de Vienne, cela ne fait aucun doute, l’Europe se blinde à nouveau de “frontières, barrières, murs” qui lui font dire aujourd’hui devant les journalistes. “On revient au rideau de fer, sous une autre forme, mais on y revient.” L’immigration, reconnaît-il est un défi énorme qui exige “prudence, charité et miséricorde”. Le cardinal Schönborn regrette que les évêques européens n’aient pas encore eu “une parole forte” commune, ni un “un mot d’encouragement” commun, ni même fait une moindre analyse commune sur les causes de ce qui est en train de prendre, selon lui, la tournure d’un “vrai drame”, en Europe, au Proche-Orient et en Afrique.