Ou la guerre de Cent Ans et la rivalité à mort entre Armagnacs et Bourguignons comme si vous y étiez…
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
Dernier vestige du palais parisien des ducs de Bourgogne, la Tour Jean-sans-Peur accueille une exposition didactique autour des quatre grands Valois qui se sont succédé à la tête du Duché, de 1363 à 1477.
Les Grands Ducs de Bourgogne à la Tour Jean-sans-Peur : retour sur un pouvoir particulièrement puissant
Connaissez-vous la Tour Jean-sans-Peur ? Édifiée en 1408 par le duc Jean Ier de Bourgogne, dit “Jean sans Peur”, elle est aujourd’hui le seul vestige de l’hôtel de Bourgogne, résidence parisienne des ducs du XIVe au XVIe siècle. Elle est aussi la plus haute tour médiévale civile de Paris, et constitue un héritage important du Paris de la fin du Moyen Âge, au cœur du 2e arrondissement de la capitale.
Ce monument insolite, ouvert au public depuis 1999, contribue à faire connaître l’histoire remarquable du Duché de Bourgogne, étroitement liée à celle du Royaume de France. Des expositions sur la vie quotidienne au Moyen Âge, destinées à tous les âges, y sont régulièrement organisées. Enfin, cette tour de fortification recèle un magnifique escalier à vis, dont la voûte, entièrement sculptée par le flamand Claus de Werve, présente un décor végétal d’une finesse emblématique de la sculpture flamboyante. L’artiste y a associé les emblèmes de plusieurs membres de la famille bourguignonne: le chêne, attribut de Philippe le Hardi, père de Jean sans Peur, les branches d’aubépine, référence à Marguerite de Flandre, épouse du Hardi, et bien sûr, le houblon de Jean sans Peur lui-même.
Une exposition modeste, relai d’un précieux savoir
Depuis le 18 novembre dernier, le sous-sol de la tour s’est meublé de plusieurs panneaux, exposant de manière chronologique l’histoire des derniers ducs de Bourgogne, de Philippe le Hardi à Charles le Téméraire. Un moyen simple, mais clair et efficace, pour transmettre une partie décisive de notre histoire aux visiteurs qui viennent avec le désir de s’instruire.
En 1363, le prince Philippe II, dit le Hardi (surnom qu’il acquiert après sa démonstration de courage lors de la bataille de Poitiers en 1356), reçoit en apanage le duché de Bourgogne de la part de son père, le roi Jean le Bon. Grâce à des mariages bien étudiés, des achats de terres et des guerres, le duc et ses successeurs acquièrent un territoire particulièrement étendu, de la Flandre jusqu’à la Franche-Comté. Leur pouvoir est renforcé par la puissance et la renommée de leur cour.
Entre rivalités et soutien au Royaume de France
Si Philippe le Hardi apporte son soutien à la couronne pendant le règne de Charles VI le Fou, son fils, Jean sans Peur, entre en rivalité avec son propre cousin que le roi a nommé régent : le duc d’Orléans. Jean sans Peur fait assassiner ce dernier en 1407, et décide, dès l’année suivante de faire construire une tour dans son palais parisien, pour le protéger des menaces qui pèsent sur sa propre personne. À la suite de cet assassinat débute une terrible guerre civile, entre les Armagnacs, qui défendent le duc d’Orléans, et les Bourguignons, qui soutiennent le duc de Bourgogne. Le désordre est tel que les Anglais en profiteront pour vaincre les Français à la fameuse bataille d’Azincourt en 1415. Des conflits internes provoqués par les Bourguignons naissent alors les heures les plus sombres de la guerre de Cent Ans.
Jean sans Peur meurt lui-même assassiné par les Armagnacs en 1419, et son fils, Philippe le Bon, après avoir soutenu les Anglais au début de son règne, signe avec le roi Charles VII le traité d’Arras en 1435. La réconciliation avec la couronne n’est cependant pas définitive, puisque, quelques années plus tard, Charles le Téméraire, fils de Philippe le Bon, est hostile à la politique de Louis XI, successeur de Charles VII, qui veut mettre fin au système des apanages. À la mort du Téméraire, le rêve d’un royaume de Bourgogne s’efface avec lui, mais le mariage de sa propre fille, Marie de Bourgogne, avec Maximilien de Habsbourg, grand-père de Charles Quint, est à l’origine de l’immense Empire dont hérite ce dernier.
Une exposition qui ravira tous ceux qui souhaitent en apprendre sur la France pendant la guerre de Cent Ans, sous un angle un peu particulier. On y découvre également la riche activité artistique favorisée par les ducs Valois. À l’heure où l’Histoire de France est mise à mal dans les programmes scolaires, le musée prend le rôle de l’école et transmet un savoir aux visiteurs. Certains diront que cela ne suffit pas ou que c’est inapproprié, mais il faut saluer la qualité de ce projet. Tout cela au cœur d’un monument exceptionnel, qui mériterait d’être plus connu des Parisiens.
Les Grands Ducs de Bourgogne à la Tour Jean-sans-Peur, jusqu’au 27 mars 2016 – de 13 h 30 à 18 h du mercredi au dimanche. 20 rue Étienne Marcel, Paris 2e. Tarif : 5 euros, tarif réduit : 3 euros.