Michel Varton, directeur de l’ONG Portes Ouvertes au service des chrétiens persécutés fait le bilan d’une année dramatique pour les chrétiens dans le monde.
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Le bilan annuel que fait l’ONG protestante Portes Ouvertes du niveau de persécution des chrétiens est particulièrement amer cette année. Michel Varton détaille : sur les 40 pays où la situation est la plus grave, 36 connaissent une augmentation des persécutions, sept une stagnation et sept une diminution. Il parle d’une “année de débordement des persécutions”. Débordement du djihadisme, qui touche à présent des zones où il était inexistant, comme la République démocratique du Congo ou le Kenya. Débordement des migrations et débordement des restrictions à la liberté, adoptés comme des contre-mesures à cet islam.
Question de méthodologie
L’index des persécutions propose un “top 50” des pays où il est le plus difficile de vivre la foi chrétienne. Pour ce faire, Portes Ouvertes se fonde sur les persécutions constatées, des plus violentes aux plus insidieuses : de l’exécution des chrétiens à des manœuvres plus subtiles comme le refus de leur verser des allocations (en Inde par exemple). Cette méthode permet d’alerter sur de nouveaux foyers de persécutions peu connus comme l’Érythrée en Afrique.
Il ne s’agit pas en revanche d’un document qui permet d’analyser le niveau de tolérance d’un état à l’égard d’une religion. Le fait que l’Iran, par exemple, soit classé à la 9e place, devant l’Arabie saoudite (14e place), se justifie par la répression des convertis dans ce premier pays. En Arabie saoudite, où il n’existe pas d’églises, contrairement à l’Iran, et où le gouvernement fait preuve d’une intolérance religieuse comparable à celle de l’État islamique pour ses propres citoyens, le problème des convertis ne se pose pas : ils sont tellement cachés qu’ils passent “sous les radars”.
Inquiétude en Inde
Présente dans 60 pays, Portes Ouvertes s’appuie sur un réseau dense qui lui permet de mettre le doigt sur des pays où des persécutions graves sont peu relevées par les médias. C’est le cas en Inde, par exemple, où des membres du parti hindouiste au pouvoir rêvent ouvertement d’un pays “débarrassé des chrétiens et des musulmans en 2020”. John Dayal, secrétaire général du Conseil des chrétiens en Inde, était l’invité de Portes Ouvertes lors de la présentation de son index 2016. Il assure : “Je ne crois pas une minute que cela puisse arriver. Ce qui m’inquiète, c’est que des leaders nationalistes proches du pouvoir puissent le dire impunément et que leurs paroles soient relayées par les médias”. Il s’étonne d’un tel niveau d’intolérance dans une Inde qui se targue d’être “la plus grande démocratie du monde”. Il en appelle donc à l’opinion internationale qui a les moyens de faire changer d’attitude de l’Inde à l’égard de ses minorités.
Des populations “modérées” contaminées par l’islam radical
Une nouvelle fois, c’est l’islam radical qui constitue le principal vecteur de persécutions des chrétiens dans le monde. Les cas de l’ lrak, et de la Syrie sont bien connus, mais Michel Varton ajoute des éléments troublants, rarement relayés par les médias. Outre les persécutions des chrétiens dans les zones tenues par l’Etat islamique, on voit une progression de l’islam radical chez des populations supposées être modérées. Des chrétiennes réfugiées à Erbil, notamment, en zone kurde, ont été contraintes de se voiler. L’effet de contagion de l’islam radical sur l’islam modéré, notamment en Afrique, représente une menace sourde, difficile à cerner et extrêmement préoccupante.
“300 000 chrétiens en Corée du Nord”
Dans le pays qui emporte systématiquement la palme de l’intolérance religieuse, Portes Ouvertes estime qu’il existerait 300 000 chrétiens, vivant leur foi dans la plus grande clandestinité. En raison de la famine et de la répression qui y sévissent, des Coréens du nord tentent le passage très risqué jusqu’à la Chine et rapportent des situations orwelliennes. À l’école, les enfants sont encouragés à chercher “un grand livre noir” dans leur maison et à le rapporter à leur professeur. Si le livre en question est une Bible, la famille est déportée. Certaines familles enterrent leurs Bibles dans le jardin et ne prient que la nuit. Ils attendent que leurs enfants aient 12 ans pour leur apprendre qu’ils sont nés dans une famille chrétienne.
Une nouvelle visibilité de la persécution des chrétiens
Au milieu de ces constats dramatiques, Michel Varton remarque un infléchissement positif des médias. “Lorsqu’il y a 30 ans je parlais de persécutions des chrétiens dans le monde, mes interlocuteurs étaient surpris. À présent, ces persécutions sont en train de devenir visibles.”