Malala Yousafzaï est le plus jeune lauréat de l’histoire du prestigieux prix Nobel de la paix. (Re)découvrez le récit époustouflant de sa vie portée à l’écran.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
À celles et ceux qui, comme moi, ont toujours un train de retard dans la lecture du bestseller-qu’il-faut-absolument-avoir-lu-sinon-t’as-raté-ta-vie je dis : pas de panique. Comme il n’est jamais trop tard pour étrenner en décembre son abonnement annuel à la salle de sport, il n’est pas non plus trop tard pour se mettre à la page. Ce livre, par ailleurs excellent, est republié ces jours-ci dans une traduction adressée à la jeunesse et a fait l’objet d’un documentaire sorti en 2015 aux États-Unis (et dont la version française prévue en janvier 2016 a été repoussée suite aux attentats de Paris).
Une pachtoune malmenée par la guerre
L’histoire de Malala Yousafzaï, est celle vécue par des milliers de familles du Swat, une région montagneuse coincée entre l’Afghanistan et le Cachemire indien, à la pointe nord du Pakistan. Vous connaissez déjà la fin du récit : non l’héroïne ne meurt pas, oui elle reçoit le prix Nobel de la paix 2014 alors qu’elle n’a que 17 ans… Cela vous empêchera pourtant pas d’être happé dans l’univers mouvementé mais ô combien captivant de Malala. Aidée par Christina Lamb, grand reporter au Sunday Times – spécialiste de l’Afghanistan et du Pakistan et lauréate de nombreux prix littéraires et journalistiques – Malala nous raconte sa vie… et c’est passionnant.
D’un ton calme, elle nous fait voyager au gré des principales étapes de sa vie, de celle de ses proches et de son pays. On découvre la vallée du Swat, le quotidien de la famille à Mingora (la plus grande ville de la région), les habitudes du peuple pachtoune, le rêve fou de son père d’ouvrir une école et son implication au sein de nombreuses associations en faveur de l’environnement, de la paix, de l’éducation et de la liberté.
Une petite fille connue du grand public
En 2005, les talibans passent la frontière et tout bascule. Il faut désormais subir la violence et vivre dans la peur. Mais chez les Yousafzaï, on ne plie pas. Élevée au milieu de militants et animée d’un désir farouche d’apprendre, Malala va résister par tous les moyens possibles. Elle veut que les jeunes filles comme elle puissent continuer à aller à l’école, en dépit de la chape de plomb que les talibans font tomber sur la zone. Ni l’exode des habitants de Mingora pour échapper aux combats, ni les menaces de mort n’auront raison de sa détermination. Elle devient à seulement 11 ans, le porte-parole de sa communauté et livre à de nombreux médias le récit des événements qui se déroulent autour d’elle. Elle alimente même un blog hébergé par la BBC, sous le pseudonyme de Gul Makai. Le grand public commence à la connaître.
L’armée pakistanaise reprend enfin le contrôle de la vallée en 2009. La bataille contre l’extrémisme religieux n’est pas terminée pour autant. Bravant le danger, Malala ne cesse pas de prendre la parole et très vite le rayonnement de son action se diffuse. Considérée comme une vraie menace par les talibans, elle est victime d’une tentative d’assassinat qui la laisse entre la vie et la mort et dont elle gardera d’importantes séquelles physiques. Une nouvelle page de sa vie s’ouvre alors au Royaume-Uni, la jeune fille étant menacée de mort dans son pays natal.
Au fil des pages, les mots simples et vrais, l’efficacité du style, la précision des faits augmentent l’intérêt et l’envie d’en savoir plus. Au passage, le gouvernement pakistanais et la communauté internationale, mis face à leurs responsabilités, en prennent pour leur grade. Corruption, passivité, incompétence, désintérêt du sort du peuple… Malala n’oublie rien.
Sa foi en Dieu est frappante d’authenticité. La force qu’elle y puise est impressionnante. Dieu se rend manifestement présent dans le quotidien de la famille, les signes visibles de la Providence abondent tout au long du récit. Comme sa mère, Malala est animée d’une foi musulmane profonde. Comme son père, l’amour des autres et du bien commun surgit du fond de son être.
“Tout le monde peut devenir Malala”
Un documentaire consacré à la jeune fille s’intitule He named me Malala (“Il m’a appelée Malala”, en français). Le livre nous révèle la signification de cette formule : au XIXe siècle, Malalai, une bergère, devint la figure héroïque de la résistance afghane face à l’envahisseur britannique. “Mieux vaut vivre un seul jour comme un lion que des centaines d’années comme un esclave”, avait-elle crié à son peuple sur le champ de bataille avant de perdre la vie. Malala était-elle ainsi prédestinée à un avenir si noble et si tragique ? Non, dit-elle, son père lui a seulement donné ce prénom mais il ne l’a jamais poussée à devenir une héroïne.
“Tout le monde peut devenir Malala, affirme la jeune Pachtoune. N’importe quelle autre fille aurait pu faire ce que j’ai fait si elle avait reçu le même soutien de ses parents.” Ceux de Malala ont en effet joué un grand rôle dans l’éveil de son engagement, et lui ont donné très jeune les moyens d’exprimer librement ses désirs et de déployer son action.
Seul un enfant éduqué peut voir éclore ses talents
Malala se bat pour l’éducation des 60 millions d’enfants dans le monde (dont 32 millions de petites filles) qui ne sont pas scolarisés.”Mon pays, le Pakistan, est l’un des pires : nous avons presque 50 millions d’adultes analphabètes dont les deux tiers sont des femmes, comme ma propre mère.” Nous qui considérons l’éducation comme acquise, rendons-nous compte de la chance qui est la nôtre. Malala veut rendre leur avenir à ces enfants et lutter contre la manipulation des masses dont elle fut le témoin malheureux à l’arrivée des talibans. Pour elle, seul un enfant éduqué peut voir éclore ses talents et dès lors participer à l’amélioration de la société.
Alors que nous sommes trop souvent blasés par la masse d’informations et d’images qui nous parviennent, Malala réveille les consciences endormies en prêtant ses traits aux victimes de la guerre contre les talibans et des catastrophes qui ruinent son pays. Qu’il devient difficile de zapper quand l’Histoire est incarnée par une petite fille comme elle.
Pour retrouver la Fondation Malala qui encourage de nombreux projets en faveur de l’éducation des enfants et des femmes, c’est ici.
Moi, Malala, je lutte pour l’éducation et je résiste aux talibans de Malala Yousafzai, avec la collaboration de Christina Lamb, traduit de l’anglais par Pascal Loubet, Le Livre de poche, novembre 2014, 7,10 euros.
Moi, Malala : en luttant pour l’éducation, elle a changé le monde de Malala Yousafzai et Patricia McCormick, traduit de l’anglais par Michel Laporte, épilogue signé Malala, Le Livre de poche jeunesse, décembre 2015, 5,50 euros.