Depuis quelques jours déjà, de nombreuses paroisses ont ouvert leurs portes pour accueillir les personnes de la rue, premières victimes de la saison hivernale.
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En ce début d’année, une vague de froid recouvre la France. C’est l’heure de sortir son gros manteau et d’enfoncer son bonnet. À Paris, ces premiers jours de froid sonnent le début de l’opération Hiver Solidaire. Cette dernière en est à sa septième édition. Elle mobilise aujourd’hui près de 25 paroisses et des centaines de fidèles ou habitants de la capitale.
Un bénévolat à la carte
Quotidiennement, ils sont entre deux et cinq à dîner avec les personnes hébergées, à dormir sur place avec elles, à prendre ensemble le petit déjeuner puis à veiller au rangement de la salle. Si les organisations diffèrent quelque peu selon les lieux, les volontaires ont toujours le choix d’une présence à la carte : certains déposent seulement un plat, d’autres viennent pour le repas, les plus motivés restent pour la nuit. Guillaume, trentenaire et responsable de l’opération à Saint-Léon, dans le 15e arrondissement, témoigne : “Tout repose sur la liberté individuelle. Chacun rend service selon ses disponibilités. Ici, nous mobilisons une centaine de bénévoles sur trois mois, dont 85% de paroissiens.”
Pour beaucoup, c’est une première expérience auprès des personnes de la rue. Ce sont des chrétiens de tous âges : quelques étudiants, des couples, beaucoup de jeunes actifs, de quarantenaires et de retraités. “Souvent, des mères de famille viennent déposer un plat pour le dîner. La plupart du temps, ce sont plutôt des personnes de 30 à 50 ans qui restent pour la nuit”, continue le jeune responsable.
Une ambiance familiale
Les hébergés d’Hiver Solidaire sont triés sur le volet. “Même si cela est difficile, nous sommes obligés de sélectionner ceux que nous logeons. Ici, nous n’avons que huit places. Ce sont en majorité des personnes que nous rencontrons lors des maraudes, le lundi soir. Nous leur proposons de venir seulement si nous les sentons aptes à une vie en communauté.”
Pour maintenir le fragile équilibre, les règles sont strictes. Pas d’alcool, ni de violence. On insiste aussi sur l’hygiène et la ponctualité : 20 h ouverture des portes et préparation du dîner, 22 h 30 extinction des feux, 8 h début de la journée, chacun vaque à ses occupations avant de revenir le soir.
Grâce à ces petits effectifs, les paroisses entretiennent un esprit familial. Pendant les repas, on discute, on échange, parfois même on se confie. La vaisselle terminée, la soirée se poursuit autour d’un jeu de société ou d’une partie de cartes.
Le matin avant de repartir, les personnes de la rue peuvent laisser leurs affaires sur place. “Ils sont contents de ne pas les trimballer. Ils ont toute leur vie là-dedans et c’est lourd ! Certains ont aussi des choses de valeurs. Spontanément, ils ont confiance en nous.”
Le temps des adieux
La décision de clôturer l’opération Hiver solidaire coïncidera avec le retour de températures plus clémentes. À la paroisse St Léon, tous les bénévoles seront invités pour un grand dîner d’adieux, autour de leurs hôtes. Ce moment de départ est toujours délicat. Certains retourneront dans la rue, d’autres auront peut-être trouvé entre temps une solution de logement plus pérenne. “Un travailleur social vient les rencontrer pour les accompagner dans leurs démarches. Mais leur réinsertion n’est pas de notre ressort”, souligne Guillaume. La vie fraternelle dans laquelle auront vécu ces personnes habituellement en grande exclusion les disposera peut-être à une réinsertion. “Par notre accueil et les liens qui se nouent, nous essayons de leur redonner confiance en eux, en la Providence et en leur avenir. Mais il faut faire preuve d’une grande humilité. Il y a une part de volonté individuelle qui ne dépend pas de nous.”
Mais parfois, le succès dépasse les espérances des volontaires. Comme ce jeune Bulgare, hébergé il y a deux ans, qui a maintenant retrouvé un logement et un travail et qui revient en tant que bénévole.
Pendant deux à trois mois à Paris, des centaines de chrétiens vont se relayer pour qu’une poignée de personnes sans-abri de leur quartier bénéficient d’un peu de chaleur. Dans chaque paroisse, l’opération est lourde en organisation, mais les fruits sont incontestables. “C’est bien Hiver Solidaire. Il faudrait aussi un printemps, un été et un automne solidaires…”, sourit un accueilli.