“Et si on parlait de création ?”, invite Mgr Jean-Michel di Falco Léandri, évêque de Gap et d’Embrun, dans sa dernière chronique. Mais pas de n’importe quelle création !
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Et si on parlait de création ?
Ne vous trompez pas, je ne parle pas de “La Création”, celle de Dieu. Il n’est pas rare de voir sur des couvertures de magazine un visage du Christ avec pour légende : “Jésus revient”.
Il y a quelques temps, le rédacteur en chef d’un magazine consacré à la publicité me téléphone pour que nous convenions d’un rendez-vous. Lors de notre rencontre il me fait part de son projet. Proposer, pour une sorte de concours, à des créatifs de la publicité de se mettre au travail sur le thème de Dieu et de l’Église. Autrement dit, simuler une grande campagne publicitaire en faveur de Dieu et de l’Église. Les résultats de ce concours seraient publiés dans un prochain magazine et puis, et puis peut-être — pourquoi pas ? — cette campagne pourrait-elle se réaliser.
Un peu sceptique, mais curieux du résultat, je me suis laissé prendre au jeu.
Ensemble, nous avons défini l’objectif qui serait donné aux créatifs et qu’on peut résumer ainsi : “Un message pour Dieu, une interrogation spirituelle qui interpelle les gens dans leur foi endormie ou perdue. Un message fort, qui tranche au milieu du flot médiatique ininterrompu qui empêche les gens de se retrouver face à eux-mêmes. Reposer les vraies questions que l’homme a tendance à refouler par facilité“.
À partir de là, cela s’est mis à bouillonner dans les esprits, et les publicitaires ont proposé des solutions qui révèlent autant les limites de la publicité – qui n’a pas grand-chose à dire, mais le dit bien – que les carences en communication de l’Église – qui a tant à révéler mais le fait souvent si mal.
Une quarantaine d’équipes ont travaillé. En fait, 25 projets ont été remis.
Certains qui s’étaient mis au travail ont craqué. Ils ne sont pas arrivés à produire. L’un d’entre eux a dit notamment, je le cite : “On a touché le fond de la piscine. On ne peut pas le faire. On a cru que ce n’était qu’un produit comme les autres. Mais Dieu, je n’y arrive pas. Dieu, c’est une impossibilité. On peut pourtant arriver à en parler, mais comment ? C’est là que je me suis rendu compte que Dieu n’est pas un produit“.
Pour les autres projets, le résultat vaut la peine que l’on s’y attarde. D’abord, parce qu’il en dit long sur la perception que les gens de la publicité ont de Dieu et de l’Église, peut-être auraient-ils besoin de rajeunir leur vision. Mais le résultat est intéressant parce que très instructif pour les chrétiens : ils ont la responsabilité de l’image qu’ils donnent de Dieu et de l’Église, et il n’est pas inutile de regarder son image de temps à autre dans un miroir.
Voilà quelques-unes des phrases qui figurent sur ces affiches, par exemple : “Dieu, sans toi, c’est l’enfer”, ou bien : “Sans Dieu, l’homme devient une bête”. Ouais, bof ! Particulièrement en ce moment certains sont pires que des animaux sauvages au nom de leur Dieu. Autre phrase : “2000 ans, c’est long pour un bobard”, ou encore : “Ne le laissons pas mourir une seconde fois”. Et enfin : “Dieu, Il croit en moi”.
En fait tout ce travail confirme que le meilleur “annonceur” de Dieu, ce n’est pas d’abord un publicitaire, mais chaque chrétien, chaque communauté chrétienne. Les meilleurs médias pour Dieu, ce sont les chrétiens eux-mêmes.
C’est à eux que Dieu s’est confié. Il est difficile pour d’autres de faire ce dont les chrétiens ont été chargés.
Allez, très belle année 2016 et bonne pub !
À bientôt,
Mgr Jean-Michel di Falco Léandri
Évêque de Gap et d’Embrun