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Le gouvernement communique à fond sur un dixième projet d’attentat déjoué et sur les menaces qui planent sur nos églises. Mais il est moins loquace sur l’abandon de la déchéance de nationalité…
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À Orléans, deux jeunes de nationalité française en lien avec un djihadiste français, lui aussi originaire d’Orléans mais parti en Syrie, ont été écroués au terme de leur garde à vue par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Ayant reçu de Syrie plusieurs milliers d’euros, via des mandats, ils auraient cherché à se procurer des armes et à monter un commando pour attaquer une caserne militaire, une gendarmerie ou le commissariat central d’Orléans.
Déjà connus de la justice
“Les deux suspects ont été rapidement ciblés, confie au Parisien une source proche de l’affaire. Le plus âgé était déjà bien connu des services de police, notamment pour sa participation à des prières de rue et sa radicalisation. En revanche, le second n’était jamais apparu dans le collimateur des services spécialisés dans la lutte contre le terrorisme.” Une source judiciaire ajoute : “Ces deux hommes étaient connus de la justice pour des délits de droit commun, tels que des faits d’outrage et rébellion, des infractions routières ou bien encore des vols”.
Leur mise en examen a eu lieu le 19 décembre mais n’a été annoncée que le 22 décembre par Bernard Cazeneuve, au cours d’un déplacement à Toulouse lors d’un discours devant les gendarmes et forces de police de la région. Le ministre de l’Intérieur a également tenu à rappeler que, depuis le début de l’année, dix attentats ont été déjoués en France.
Alerte rouge sur les messes de Noël
Le gouvernement fait par ailleurs monter la pression de l’opinion publique en laissant “fuiter” via Europe 1 un message de trois pages adressé la semaine dernière par Bernard Cazeneuve aux préfets et aux directeurs de la police et de la gendarmerie pour qu’ils assurent la sécurité des églises lors des célébrations de la Nativité. Compte tenu de “l’exceptionnelle force symbolique” que constituerait une attaque pendant les messes de Noël, il faut faire preuve d’une vigilance toute particulière face à des “terroristes désormais aguerris”, leur écrit le ministre.
La déchéance de nationalité est abandonnée
Tout cela, bien sûr, n’est pas sans fondement. Mais on ne peut s’empêcher de penser que ces annonces répétées viennent opportunément faire diversion à une autre nouvelle, très embarrassante pour le chef de l’Etat et son Premier ministre. En effet, ce même mardi 19 décembre, dans un entretien sur la radio algérienne Chaîne 3, la ministre de la Justice Christiane Taubira annonçait l’abandon par François Hollande et Manuel Valls de la déchéance de nationalité pour les binationaux nés en France auteurs d’actes terroristes et son inscription dans la Constitution.
“C’était pourtant un engagement pris par le président de la République devant le Congrès réunis à Versailles le 16 novembre, trois jours après les attentats de Paris et Saint-Denis rappelle le Huffington Post. (…) Si ce renoncement pourrait lui permettre de faire le plein de voix à gauche pour faire adopter sa réforme constitutionnelle, il pourrait lui coûter des voix à droite. Il en a pourtant grandement besoin dans la mesure où sa majorité est trop faible pour atteindre seule les 3/5 des voix indispensables pour voter cette réforme au Congrès.”
Encore une promesse non tenue
L’opposition rivalise de sévérité pour fustiger, à l’instar de Laurent Wauquiez, numéro deux des Républicains, “les reniements et les doubles discours du gouvernement”, aggravés par les circonstances de son annonce, en Algérie, par Christiane Taubira (LCP).
Le président est pris à son propre piège, commente Yves Thréard sur RTL : “Il était certain que le Conseil d’État – toujours consulté préalablement pour savoir si un texte est conforme aux grands principes républicains – dirait que cette réforme serait impossible. Or le Conseil d’État a donné son feu vert. (…) C’est un fiasco total. Résultat : il sort de cet épisode plus faible que jamais. La droite est dans tous ses états et veut lui faire payer ce nouveau renoncement en ne le suivant plus sur la réforme de l’état d’urgence. Pour l’opinion, c’est encore une promesse non tenue d’un président qui reste, à ses yeux, l’otage de Taubira et d’une gauche très impopulaire”.
“Le 16 novembre [devant le Congrès réuni à Versailles], le président Hollande jouait un rôle : celui du garant de la sécurité des Français face au danger terroriste, écrit Xavier Saincol, juriste et universitaire, dans Le Figarovox. Un mois plus tard, il en joue un autre : celui d’une girouette sous l’emprise des groupuscules idéologiques. Ce second rôle, il faut bien le dire, lui va beaucoup mieux. Mais comment s’étonner après un tel exemple, que la parole politique n’ait plus aucun sens pour les citoyens ?”