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Pourquoi Mère Teresa est-elle canonisée ?

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Jean Duchesne - publié le 21/12/15
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L’annonce de la prochaine canonisation de Mère Teresa amène à réfléchir un peu sur le comment et le pourquoi de pareilles promulgations.

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L’idée communément reçue est que le Vatican "fabrique" des saints avec une autorité souveraine, pour donner en exemple quelqu’un qui s’est montré d’une fidélité à la fois obéissante et créative, et aussi pour faire un coup de pub’ ou de com’ en brandissant des miracles pour justifier la décision. La réalité est en fait bien plus complexe et bien plus intéressante.

Le devoir de transmettre de tout chrétien

D’abord, ce n’est pas Rome qui décide unilatéralement de "porter sur les autels" celui-ci ou celle-là. La hiérarchie ne fait que valider, après maintes enquêtes et vérifications, une vénération ou un culte qui existe déjà spontanément : certains non seulement prennent modèle sur la vie de tel ou telle figure et sont inspirés par sa vie et son enseignement, mais encore s’aperçoivent qu’ils peuvent demander son aide, son intercession – autrement dit le ou la prier comme on prie la Vierge Marie, les apôtres, les martyrs, les fondateurs d’ordres, les maîtres spirituels du passé, etc. , qui sont inscrits dans le calendrier au jour de leur décès, marquant leur accueil auprès de Dieu une fois achevée leur mission sur terre, mais pas dans le dessein divin qui ne cesse de se déployer. Ces demandes reposent sur la communion des saints, c’est-à-dire sur la possibilité et même le devoir qu’ont les chrétiens de transmettre, même au-delà de la mort, les dons de Dieu qu’ils reçoivent – d’être les canaux par lesquels passe sa grâce.

Il ne s’agit cependant pas de cautionner systématiquement l’attachement d’un groupe particulier à telle figure qui lui est chère, ou une dévotion populaire qui prend forme pour un personnage donné, mort "en odeur de sainteté". Au-delà l’authenticité de la foi personnelle du "candidat" à béatification ou canonisation et de la fécondité spirituelle de sa parole et de son action, qui peuvent être constatées, l’Église demande de surcroît des miracles – des signes de Dieu lui-même et pas uniquement des hommes (sauf s’il agit d’un martyr, c’est-à-dire d’un chrétien exécuté "en haine manifeste de la foi"). Le genre de miracle requis n’est pas simplement un événement (le plus souvent aujourd’hui une guérison) que la science ne peut pas expliquer – et il n’en manque pas, même de nos jours. Il faut encore que cela ait été bénéfique (le simple sensationnel ne suffit donc pas) et puisse être expressément attribué  à l’intercession de la personne dont il s’agit de faire un(e) bienheureux(se) ou un(e) saint(e).

Comment la cause d'un saint est-elle défendue ?

Depuis le Code de Droit canonique de 1983, la procédure est initiée dans le diocèse où le "candidat" est décédé. L’évêque peut en décider ou accepter une demande. Une première enquête a lieu, avec constitution d’un dossier, examen des documents et recueil de témoignages. Si la "cause" paraît solide, elle est transmise à Rome où, après avoir été vérifiée et analysée, elle est soumise à un collège de cardinaux et d’évêques appelés à se prononcer sur "l’héroïcité des vertus" du "serviteur de Dieu", qui, si le verdict est favorable, sera reconnu "vénérable" (et le mot exprime bien ce qu’il veut dire). Un miracle dûment enregistré comme dû à l’intercession du "vénérable" permettra une béatification solennelle par le Pape en personne.

Le titre de "bienheureux" signifie que le culte existant est reconnu légitime et peut se développer. L’accession à la sainteté est l’étape suivante, pour laquelle un second miracle est requis. Elle fait que la dévotion est non plus seulement autorisée et encouragée à se répandre localement, mais est proposée (sans pour autant être imposée) à toute l’Église dans le monde entier, parce qu’il est reconnu qu’elle peut toujours et partout aider à mieux comprendre et pratiquer la vie en communion avec le Christ et avec tous les membres de son Corps à travers l’espace et le temps. Tout cela ne s’est bien sûr affiné mis en place que progressivement, pour répondre au besoin de vivre la dimension historique et interpersonnelle de la foi chrétienne.

Une femme au service de la Vérité

Le pape Jean Paul II avait bien compris la nécessité ecclésiale des béatifications et des canonisations. C’est pourquoi il a suscité la reconnaissance et la proclamation de tant de bienheureux et de saints qui témoignent de ce que Dieu est inlassablement à l’œuvre. C’est aussi une des raisons pour lesquelles il est lui-même compté parmi elles et eux.

Que ce soit bientôt le cas de Mère Teresa n’est que justice. Venue d’un pays (l’Albanie) qui a connu une des pires dictatures communistes (celle d’Enver Hoxha) de la seconde moitié du XXe siècle, consacrée au soulagement de certaines des misères les plus massives de son temps (en Inde), devenue une voix écoutée, elle a montré l’efficacité de l’espérance, de la charité et de la foi face aux idéologies et aux cynismes égoïstes.

Il ne faut pas s’étonner qu’elle ait été critiquée et que sa prochaine canonisation relance des réserves et des reproches. Qu’importe si elle s’est acharnée à soulager des souffrances sans s’attaquer aux intérêts qui les infligeaient, parce qu’elle savait l’inhumanité dont l’homme restera toujours capable. Ces récriminations sont portées au nom d’un humanisme sécularisé qui reste désemparé face à la montée des intégrismes religieux. Et surtout, elles confirment qu’à l’instar du Christ, ce tout petit bout de femme a, sans chercher à plaire, servi la Vérité qui réside non pas dans les rapports de force, mais dans la Miséricorde.

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