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L’État islamique passe par nos satellites

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Philippe Oswald - publié le 10/12/15
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Tout en travaillant à organiser son “Califat” à cheval sur la Syrie et l’Irak, Daesh tisse sa toile dans le monde entier. Et utilise pour cela des satellites de communication européens…

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En dépit des bombardements qu’il subit chaque jour, l’État islamique s’organise. Un document interne publié le 7 décembre par le quotidien britannique The Guardian dévoile son fonctionnement. “Ce texte confirme les ambitions de création d’un califat par l’établissement d’un État sur le territoire syro-irakien”, explique Myriam Benraad, chercheuse spécialiste du Moyen-Orient à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) et à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (Iremam). “Elle y discerne les bases d’un “véritable projet politique révolutionnaire” (Le Figaro).

Une armée de bureaucrates

Il n’y a pas que des combattants au sein du groupe terroriste mais une armée de bureaucrates, fonctionnaires, financiers, comptables, statisticiens, etc. Pour Daesh, les armes ne sont pas tout : les dix chapitres de ce document intitulé “Principes pour l’administration de l’État islamique” exposent en détail comment organiser l’autosuffisance économique, intégrer les quelque 30 000 djihadistes étrangers originaires de 86 pays (autant de pays menacés par leur éventuel retour), éduquer ou plutôt conditionner les enfants pour en faire de bons djihadistes, ou encore gérer les relations extérieures (Les Échos).

Internet est l’instrument idéal de la propagande et du recrutement. L’État islamique est présent sur les réseaux sociaux, publie un magazine en ligne, multiplie les vidéos de propagande pour diffuser la terreur sur le web.

Comment l’EI a-t-il accès à Internet ?

Mais au fait, comment l’EI a-t-il accès à Internet alors que les infrastructures de télécommunications sont détruites par des années de guerre ? Une enquête de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel (ici en anglais) révèle la possible implication d’opérateurs français et européens de communication par satellite, ce “qui risque de mettre certaines entreprises européennes dans une posture embarrassante”, souligne Le Monde.

“Le Spiegel cite par exemple le français Eutelsat, détenu en partie par la Caisse des dépôts et consignations, le luxembourgeois SES et le britannique Avanti Communications, rapporte Francetvinfo. Contactés par le Spiegel, Eutelsat et SES se défendent de fournir sciemment des services à l’organisation Etat islamique. Pourtant, des terminaux de connexion, qui émettent des coordonnées GPS, ‘ont été localisés, en 2014 et 2015, en Syrie et en Irak’ et ‘les opérateurs satellites et leurs distributeurs connaissent généralement l’emplacement des équipements qu’ils fournissent’, selon le Spiegel.”

Joints par Libération, Eutelsat et SES “insistent sur le fait qu’ils n’ont aucun contact direct avec les clients finaux. SES assure n’avoir aujourd’hui ‘pas connaissance que ses satellites sont utilisés par l’État islamique ou dans des zones syriennes contrôlées par l’EI’ tandis qu’Eutelsat affirme qu’il ‘n’y a pas de terminaux activés en Syrie à notre connaissance'”. Il n’empêche que le Spiegel a localisé des équipements satellitaires dans des zones sous contrôle de l’EI. Selon l’hebdomadaire, l’accès à Internet pourrait être coupé dans ces zones “sans beaucoup d’effort”. Une mesure qui tarirait immédiatement la source principale de propagande et de recrutement de l’État islamique.

Une source d’informations

Pourquoi donc n’empêche-t-on pas l’accès de l’État islamique à ces satellites ? Pour servir de peu avouables intérêts économiques ? Il existe heureusement d’autres hypothèses, avance Libération : “Internet permet aux civils de Raqqa de donner des nouvelles à leurs proches depuis les cybercafés, mais aussi (…) aux militants du réseau Raqqa Is Being Slaughtered Silently (‘Raqqa se fait massacrer en silence’) de faire sortir de la ville, au péril de leur vie, des informations sur les exactions de l’EI (…). Et les communications sont une source d’informations pour les services de renseignement”. “Sur ce dernier point, conclut Libération, aucun des opérateurs sollicités n’a souhaité faire de commentaires.”

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