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Il semble bien que le premier épisode du « tableau mystère » était… trop mystérieux. En voici, un second plus accessible : vous avez forcément déjà entendu cette histoire ou rencontré cette scène ! L’artiste qui l’a peinte est certes peu connu, mais vous pouvez percevoir l’influence de son maître.
Une œuvre du Siècle d’or hollandais
Ce tableau peint à l’huile sur toile s’inscrit pleinement dans l’époque de l’Âge d’or néerlandais, soit au XVIIe siècle. L’œuvre est très « rembranesque » ; que ce soit dans les effets de coloris ou dans la vigueur de la touche, on comprend vite que le peintre a connu Rembrandt. L’artiste est Govaert Flinck, un peintre hollandais qui fut très influencé par le travail du grand maître, surtout au début de sa carrière entre 1636 et 1648. Œuvre de jeunesse datée vers 1638, ce premier tableau religieux est aujourd’hui une de ses créations les plus célèbres. Elle témoigne des ambitions du jeune peintre et de son aspiration à la peinture d’histoire.
Le vieillard, les gants & le gibier
Ces trois éléments sont autant d’indices pour comprendre l’œuvre et découvrir son sujet. Dans une atmosphère intime, un vieil homme alité est entouré d’un jeune garçon et d’une femme bienveillante. Les signes de la vieillesse accablent l’homme : ses paupières lourdes sont baissées (Est-il aveugle ?), sa barbe foisonnante est blanche et ses traits tirés. Il lève la main droite – en signe de bénédiction – sur un jeune homme à l’expression ambiguë : exprime t-il la crainte, le respect ? Les épaules du garçon sont couvertes d’une sorte d’étole et ses mains son gantées. Les deux hommes sont vêtus à la façon des contemporains du peintre : c’est une manière d’actualiser le message biblique. L’artiste ne laisse rien au hasard, à l’arrière plan, les rideaux ouverts dévoilent un plat, en l’occurrence du gibier, qui prend toute son importance dans cette scène de l’Ancien Testament.
Et le sujet est…
La bénédiction de Jacob par Isaac, narrée au chapitre 27 du livre de la Genèse (versets 1 à 45). Isaac, vieil homme infirme, sent qu’il va mourir et souhaite bénir son fils aîné Esaü. Il lui demande d’aller chasser et préparer du gibier. Sa femme Rebecca préfère leur cadet Jacob et de le substituer à son frère. En lui couvrant le cou et les bras d’une peau de chevreau (Le peintre fait un choix plus moderne en la remplaçant par les gants et l’étole), elle trompe Isaac alors presque aveugle. L’artiste met l’accent sur l’identification du fils par son père qui lui prend la main et sur la bénédiction qu’il lui accorde de son autre main levée. Jacob reçoit donc la bénédiction de son père et lorsqu’Esaü rentre de la chasse, il est trop tard. Dieu renouvèle les promesses faites à Abraham auprès de Jacob dont le nom hébreu signifie « que Dieu protège » et qui deviendra Israël, et non auprès d’Esaü « le poilu » qui avait déjà vendu son droit d’aînesse à son frère pour un plat de lentilles.
Govaert Flinck, Isaac bénissant Jacob, vers 1638, huile sur toile, 117 x 141 cm, Amsterdam, Rijksmuseum.