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France : les attentats multiplient les candidats au djihad

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Philippe Oswald - publié le 26/11/15
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Le nombre de départs de Français a été multiplié par deux depuis janvier. Et le numéro vert “Stop djihadisme” n’a jamais reçu autant d’appels que depuis les derniers attentats.

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L’électrochoc provoqué par les attentats du 13 novembre a poussé davantage de familles et de proches de jeunes séduits par l’islam radical à les dénoncer avant qu’ils ne commettent l’irréparable : 112 cas de radicalisation ont été signalés en moins de deux semaines au numéro vert de la cellule “stop djihadisme” (0800 00 56 96), soit plus du double qu’auparavant.

Au total, depuis 20 mois qu’il existe, “le service a permis de repérer 3 645 individus (…) avec une forte tendance à l’augmentation ces derniers mois. Des ‘pics’ d’appel sont constatés dans les jours qui suivent les attentats djihadistes en France (Charlie Hebdo, Hyper Cacher, Saint-Quentin-Fallavier) ou les tentatives déjouées (Villejuif, Thalys). (…) 40% des cas préoccupants concernent des femmes, le plus souvent très jeunes” (Le Monde).

La fascination exercée sur des esprits fragiles

Cette prise de conscience des familles est certes due à l’émotion provoquée par les pires attentats commis en France depuis la guerre, mais leurs craintes sont à la mesure de la fascination que ces massacres exercent sur des esprits fragiles. “D’après nos informations, parmi la centaine de signalements depuis le 13 novembre, figurent des cas sérieux de candidats au jihad qui étaient prêts à rejoindre les rangs du groupe Etat islamique en Irak ou en Syrie” (RMC/BFMTV). Depuis les attentats de janvier, le nombre de départs de jeunes pour la Syrie ou l’Irak a été multiplié par deux. Au total, 570 Français sont actuellement en Syrie ou en Irak, selon le ministère de l’Intérieur.

Le profil de ces jeunes a changé par rapport aux années 1980-1990 relève une étude de l’Unité de coordination de la lutte anti-terroriste : “Près des deux-tiers des djihadistes français présents en Syrie et en Irak ont entre 15 et 21 ans, ils ne sont pas tous d’origine maghrébine et proviennent de toutes les classes sociales. (…) Les services de l’État dénombrent une part importante de convertis avec une implication notable de femmes (200 environ) et de mineurs” (Les Échos).

Plus de dépressifs que de délinquants

Ce constat est à croiser avec celui du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam, un organisme privé fondé par la chercheuse Dounia Bouzar, docteur en anthropologie, qui a publié une étude appuyée sur les témoignages de plus de 160 familles qui ont contacté le CPDSI.  Ces familles appartiennent en majorité (67%) à la classe moyenne avec une forte représentation des milieux enseignants et éducatifs : “Les auteurs précisent que cette catégorie de parents serait plus attentifs à leur enfant, ce qui pourrait expliquer qu’ils contactent plus facilement le CPDSI qui, pour l’instant, peine à toucher les catégories populaires moins impactées par la sensibilisation”.

Ce sont aussi des familles peu ou pas pratiquantes : “80%, des familles ayant fait appel au CDPSI se déclarent athées. De plus,  seulement 10% comportent un grand-parent immigré”. Par ailleurs, le rapport confirme la jeunesse (15-21 ans)  de ces Français que leurs parents redoutent de voir basculer dans l’islamisme radical, le plus souvent (91%) via internet. Dernier élément : les jeunes issus de ces familles ne sont que  5% à avoir commis des actes de petite délinquance, alors que 40% ont connu la dépression. Les auteurs du rapport en tirent la conclusion probable que “l’endoctrinement fonctionne plus facilement sur des jeunes hyper sensibles, qui se posent des questions sur le sens de leur vie” (Atlantico).

Les aider à sortir de la fusion avec le groupe

Comment “déradicaliser” ces jeunes ? Dounia Bouzar, qui a reçu en séance de “désembrigadement” 700 jeunes français depuis deux ans, a donné des éléments de réponse sur Canal +, dans l’émission “La Nouvelle Edition”. D’abord, ne pas considérer qu’il s’agit de fous ou nécessairement de paumés alors que certains avaient un travail, une famille : “Ce n’est pas une folie d’être djihadiste. C’est un processus qui vous mène à ne plus ressentir de sentiments et à voir vos victimes comme des gens qui ne sont pas vos semblables”. Pour qu’ils reviennent au réel, il faut qu’ils sortent du « sentiment de fusion » dans le groupe où “chacun a l’impression d’être le même que l’autre”et perd son identité.

Afin de les arracher aux mirages de Daesh, il s’agit de leur faire retrouver leur humanité en renouant avec les relations familiales et sociales et la responsabilité personnelle qu’elle implique. “Avec ses parents, avec les repentis, on va faire comprendre au jeune qu’il n’a pas été investi par une mission divine, mais que c’est un problème personnel, explique Dounia Bouzar. C’est lui qui a envie de mourir, c’est lui qui veut tuer, c’est lui qui veut sauver le monde (…) Pourquoi a-t-il cru cela ? (…)” La thérapie doit être adaptée au profil psychologique du jeune et à son univers culturel, comme l’ont bien intégré les recruteurs de l’État islamique : “Chaque embrigadement s’adapte à la culture du pays. On n’embrigade pas de la même manière au Japon, en Chine, en Tunisie ou en France” (RTL).

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