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Avion russe abattu : une défaite turque

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Sylvain Dorient - publié le 25/11/15
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Le Soukhoï 24 de l’armée russe, abattu par les F16 de la chasse turque, est tombé à 4 km à l’intérieur des frontières syriennes.

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Une série d’indices concordants tendent à démontrer que la destruction du chasseur bombardier Soukhoi 24 serait plutôt une bavure de l’armée turque qu’une “provocation planifiée”, contrairement à ce qu’affirme le Kremlin.

Les Turcs croyaient abattre un avion syrien ?

Un Mig 23

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Un Mig 23

Hier, mardi 24 novembre, le bombardier était abattu car il “violait l’espace aérien turc”. Or, le premier communiqué du gouvernement turc fait état d’un “Mig 23” abattu et non d’un Soukhoi 24. Le détail a son importance ! Certes, les deux avions se ressemblent : ce sont des chasseurs bombardiers dotés d’ailes à géométrie variables (voir photo).

Un Sukhoi 24

© ROBERT SCHLEIFFERT CC
Un Sukhoi 24

Pourtant, si le vieux Mig 23 est encore en fonction dans l’armée régulière syrienne, il y a longtemps qu’il ne participe plus aux opérations de l’armée russe. Il est donc assez probable que les Turcs aient cru avoir affaire à un avion syrien : ils en ont déjà détruit par le passé et savent ne pas avoir de graves représailles à craindre de la part du gouvernement de Bachar el-Assad, soumis à une guerre civile impitoyable.

 

L’avion a été abattu au-dessus du territoire syrien

Il est établi que l’avion s’est écrasé à 4 km à l’intérieur des frontières syriennes. Or la vidéo du crash, diffusée par la télévision turque, montre clairement un avion tombant en piqué, il n’a donc pas pu parcourir une grande distance horizontale. De plus, les images diffusées par les rebelles syriens montrent l’un des parachutes tombant à proximité de l’épave de l’avion…

Ces deux indices tendent à prouver que l’avion a été attaqué et détruit au-dessus du territoire syrien. Pour finir, il est hautement improbable que, comme l’affirment les sources turques, l’avion russe ait été averti “dix fois en cinq minutes avant d’être abattu”. Il aurait fallu que l’avion pénètre très profondément en territoire turc pour y rester cinq minutes entières, considérant sa vitesse supersonique ! De fait, le capitaine Konstantin Murakhtin, survivant du crash, le dément catégoriquement.

Nos amis les “rebelles”

Des “rebelles” syriens – qui précisons-le, n’appartiennent pas à l’État islamique – se sont empressés de diffuser des images révoltantes, présentant leurs combattants tirant sur le parachute de l’un des pilotes, en violation des lois de la guerre. Ils ont ensuite endommagé avec un missile antichar l’un des hélicoptères russes envoyés à la recherche des pilotes, l’un des occupants de l’hélicoptère serait mort. Le second pilote du Soukhoi 24 a pu être secouru. La journée du 24 novembre aura donc coûté la mort de deux soldats à l’armée russe, mais l’ambiance n’est probablement pas aux réjouissances côté Turc…

Une diplomatie turque prise en faute

Alors que quelques jours auparavant, le président turc Recep Tayyip Erdogan annonçait fièrement que son pays “avait le droit de se défendre”, et qu’il châtierait ceux qui violeraient son espace aérien, le ton était moins triomphaliste ce mercredi 25 au matin, analyse Xavier Moreau, écrivain spécialiste de la Russie. Les Russes n’ont pas apprécié qu’au lieu de les contacter directement, le gouvernement turc ait choisi de convoquer le conseil de sécurité de l’Otan. “Les Turcs ont manifestement fait preuve de fébrilité, inquiets des représailles qu’ils pourraient s’attirer de la part des Russes.” En agissant ainsi, ils rappelaient que les membres de l’Otan sont tenus de riposter si l’un d’entre eux est agressé par une puissance étrangère, et se mettaient sous la protection du “grand frère” américain.

“La Turquie soutient Daesh”

De là à faire planer le spectre d’une Troisième Guerre mondiale… Mais Russes comme Turcs ont plutôt intérêt à l’apaisement, souligne M. Moreau : “L’opinion russe ne comprendrait pas que Poutine ne réagisse pas violement, mais les deux pays ont des intérêts économiques considérables en commun”. Vladimir Poutine a donc publiquement accusé la Turquie de “soutenir Daesh”… C’est certes désagréable à entendre à Ankara, mais tout le monde le sait.

“Nous ne partons pas en guerre contre la Turquie”

La force d’intervention russe en Syrie déploie des missiles antiaériens capables de couvrir la frontière syro-turque, et il y a fort à parier que les F16 de l’armée turque ne s’y aventureront plus. Pour répliquer, les Russes pourraient bien sûr renforcer la résistance kurde, toujours puissante et en quête d’appuis, mais selon Xavier Moreau, il existe d’autres leviers moins risqués. Sans que le gouvernement russe n’ait la moindre consigne à donner, les Russes risquent de taper durement la Turquie au portefeuille en s’abstenant de s’y rendre en vacances… Il reste aussi la possibilité de sanctions économiques. Les exportations turques vers la Russie ont été gonflées par l’embargo européen depuis la crise ukrainienne, et Poutine détient le “robinet” de cette manne.

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