Christophe Gand met en scène une des premières pièces du prix Nobel de littérature Harold Pinter.
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Ben et Gus sont deux tueurs à gages qui travaillent ensemble depuis toujours. Enfermés dans un endroit exigu et sans fenêtre qu’ils ne connaissent pas, ils attendent l’arrivée de leur prochaine victime. Le “client” se fait attendre ; les minutes passent sans que les deux personnages puissent trouver une quelconque occupation ou un véritable sujet de conversation.
Soudain, un monte-plats descend dans la pièce où ils se trouvent, avec à l’intérieur la commande d’un repas. Ben et Gus vont devoir répondre aux exigences sans fin de ce troisième protagoniste qui vient troubler leur mission. Mais l’attente et l’absurdité de ce huis-clos n’en sont que renforcées ; la tension monte, le spectateur est lui aussi plongé dans cette folle expectative.
Christophe Gand fait le choix d’une mise en scène épurée et efficace qui participe à la noirceur inquiétante de la pièce. Ben et Gus s’agitent dans cette véritable cellule où aucune issue ne semble possible.
Un vieux couple touchant face à l’angoisse
Créé en 1957, Le Monte-plats (The Dumb Waiter) est la deuxième pièce de l’écrivain britannique Harold Pinter. Très vite influencé par le travail de Beckett et le théâtre de l’absurde, le dramaturge met en place un univers sombre et burlesque qu’il construit avec précision. Il laisse néanmoins beaucoup de liberté au metteur en scène et n’indique absolument pas l’âge ni l’origine de ses personnages.
Christophe Gand a fait appel aux brillants Jacques Boudet (Gus) et Maxime Lombard (Ben) pour interpréter ce duo complice. Les disputes et les débats enflammés de ce vieux couple de tueurs suscitent un rire franc chez le spectateur, et ne sont pas dénués d’une certaine tendresse. Boudet incarne avec talent ce vieux Gus désabusé, conscient de l’absurdité de son travail, rongé par des inquiétudes insensées. Quant à Lombard, il compose remarquablement un personnage à l’autorité comique et ridicule.
On partage pendant une heure les troubles de ces deux affreux, désarçonnés par la présence du fameux monte-plats, et soumis à une autorité invisible et implacable. Dans cette absurdité manifeste, le rire subsiste de plus belle et joue avec l’angoisse.
Le Monte-plats d’Harold Pinter au Théâtre de Poche.
Jusqu’au 10 janvier 2016. Du mardi au samedi 19 h, dimanche 17 h 30.
Plein tarif : 24 euros, tarif réduit : 18 euros, tarif jeune : 10 euros.