Ce qu’un prêtre jeté à terre et un gobelet Starbucks peuvent nous apprendre de la persécution.
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Alors que l’agitation battait récemment son plein sur les réseaux sociaux à propos des fameux gobelets à café de couleur rouge proposés à Noël par Starbucks et qui auraient offensé certains chrétiens*, je suis tombée sur cette image sur mon bureau et elle m’a permis de prendre du recul. Ce n’est pas une photo récente, mais elle est poignante et témoigne d’une réalité qu’aucun drame suscité par un gobelet de Noël n’égalera jamais.
C’est vrai que certains, aux États-Unis, aimeraient que toutes les religions, et pas seulement le christianisme, disparaissent de la place publique (“Je soutiens le droit de chacun à croire en ce qu’il veut et à dire ce qu’il souhaite – sur les bancs de l’église, à la maison et dans son cœur”, écrit Frank Bruni, qui redéfinit ainsi a minima la “tolérance” en la résumant au silence et à l’invisibilité). Et oui, il est vrai aussi que les Petites sœurs des pauvres ont dû saisir la Cour suprême pour faire valoir leur point de vue contre le mandat HHS du gouvernement américain. Pour autant, la position de Bruni reste à ce jour minoritaire et nous avons, en tous cas pour l’instant –la possibilité de saisir des tribunaux pour faire appel. Pour la plupart d’entre eux – et c’est loin d’être le cas au Moyen-Orient et au Proche-Orient – les Chrétiens bénéficient d’une situation plutôt confortable aux États-Unis.
Or, cette photo nous montre un vieux prêtre, jeté à terre alors qu’il distribue la Communion. Son seul souci est de récupérer et de protéger la Sainte Eucharistie. Selon l’UCA News, l’agence de presse catholique asiatique, cette scène s’est déroulée le 8 août 2012, dans le village de Gangjeong, sur l’île def Jeju, en Corée du Sud. Le prêtre, le père Bartholomew Mun Jung-hyun, célébrait une messe à l’entrée d’une base navale controversée que le gouvernement était en train de construire à cet endroit. Il distribuait la Sainte Communion lorsque les autorités ont fait irruption et ont commencé à frapper les participants, y compris le prêtre, qui a été jeté au sol. Des témoignages ayant indiqué que l’Eucharistie éparpillée sur le sol avait été piétinée par un policier, le diocèse de Cheju a immédiatement exigé des excuses. La police a nié les faits.
Comme l’a remarqué un journaliste d’Aleteia, cette image en dit davantage sur la condition de prêtre que des milliers de traités de théologie. Et c’est vrai. Et cette photo devrait inciter les Chrétiens (peu nombreux, mais bruyants) prompts à parler de persécution lorsqu’une entreprise laïque comme Starbucks adopte une image laïque à Noël, à remettre les choses en perspective.
Certes, régulièrement, aux États-Unis, des groupes militants vont trop loin. Et ce qui s’est déjà vu par le passé ne manquera pas de se reproduire. En 1989, ACT UP avait fait irruption dans la cathédrale Saint-Patrick de New York en pleine messe et avait profané l’Eucharistie. Au passage, l’organisation militante avait perdu une bonne part de sa crédibilité et de la sympathie du public. Vu l’air du temps, nous devrions nous attendre à des actions tous azimuts à peu près n’importe où. Pourtant, si la persécution doit venir, elle ne prendra pas la forme d’un gobelet rouge dans lequel chacun reste libre de boire – ou pas. Elle sera le fait de foules ayant perdu la tête ou d’une autorité à l’esprit tordu… ou des deux à la fois.
Ce jour-là, puissions-nous réagir avec dignité et en ayant dûment ordonné nos priorités. Puissions-nous nous souvenir qu’un prêtre, dans un petit village du sud de la Corée, a fait face à une menace sans penser le moins du monde à lui-même, mais uniquement au corps béni et brisé du Christ, avec l’humilité qui amène la gloire de Dieu.
* La chaîne de café Starbucks a décidé cette année d’ôter les décorations de Noël de ses gobelets qui ne seront plus que rouge. Une décision qui irrite les chrétiens américains et trouve un large écho dans la classe politique au point que le candidat à la primaire républicaine Donald Trump a proposé de boycotter Starbucks.