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Après les attentats de Paris, la possibilité d’une action terroriste en Centrafrique, lors de la visite du Pape, monte en puissance. Selon les services de renseignement européens, mais surtout français, le risque est très élevé et la capacité des forces de sécurité locales très basse pour y faire face. Mais à quelques jours de la première visite de François en territoire africain du 27 au 30 novembre prochains – qui le conduira d’abord au Kenya puis en Ouganda –, les services de renseignement européens semblent avoir beaucoup de mal à le convaincre de raccourcir, voire annuler, sa dernière étape, la Centrafrique, où il a décidé d’ouvrir la première Porte Sainte du jubilé de la Miséricorde, à la cathédrale de Bangui, une semaine avant celle de Saint-Pierre, à Rome, le 8 décembre, pour l’ouverture officielle du jubilé (Aleteia).
Un voyage courageux
Le voyage du Pape est prévu à quelques semaines d’un référendum constitutionnel dans le pays, le 13 décembre, suivi d’élections législatives et présidentielles à hauts risques. À Bangui, où sont attendus des centaines de milliers de croyants, malgré l’intervention de la mission des Nations unies (9 000 casques bleus) et l’opération Sangaris (900 soldats français), la présidente par intérim, Catherine Samba Panza, a le plus grand mal à tenir la situation sous contrôle. Elle espère que le Pape maintiendra sa visite malgré le défi sécuritaire que cela représente, après un nouveau regain de violence qui aurait fait une centaine de morts depuis septembre dernier. Le pays est tombé dans le chaos en 2013 après la prise du pouvoir par les rebelles musulmans de la Séléka. La période fut suivie de représailles des milices majoritairement chrétiennes anti-Balaka.
"Nous avons alerté les autorités du Vatican sur les risques d'un tel voyage, pour le Pape lui-même et pour les centaines de milliers de fidèles qui pourraient faire le déplacement", font savoir les autorités françaises. Mais le Saint-Siège confirme la détermination du Pape à se rendre dans la nation : "Nous sommes bien conscients de la situation dans le pays, mais sauf imprévu nous continuons d’organiser le voyage", assurait il y a quelques jours le père Lombardi au quotidien La Croix. Le Pape l’a dit à l’Angélus, le 1er novembre dernier : il tient à être auprès des populations centrafricaines, et pas seulement chrétiennes, pour leur manifester que "l’Église est proche d’elles", pour les "consoler" et les encourager à "l’amour réciproque et la réconciliation". Le Pape n’a pas peur, "il est prêt à affronter tous les risques", affirmait le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, fin octobre.
"C’est un voyage courageux", reconnaît le père italien Giulio Albanese, directeur du magazine Popoli e Missione, dans un entretien au Vatican Insider. Le missionnaire combonien, qui sera du voyage avec François, espère que la situation s’améliore d’ici là. Le geste du Pape, a-t-il dit, a une grande signification, car "c’est la première fois qu’un Pape ouvrira une Porte Sainte dans le Sud du monde". Il résume à lui seul tout le message de son pontificat.
Après les attentats de Paris, l’offensive de la Miséricorde
Au lendemain des attaques terroristes du 13 novembre à Paris, cette détermination ne semble pas avoir baissé d’un cran. Pas question pour le Pape de renoncer au jubilé de la Miséricorde "plus que jamais nécessaire", a commenté son porte-parole, le père Federico Lombardi, mardi matin, ni son voyage à Bangui, même si une légère hésitation est palpable chez le cardinal Parolin, plus prudent après ces attaques, qui a déclaré au quotidien des évêques italiens Avvenire : "Le programme reste inchangé (…). On verra ensuite sur la base de la situation du moment, sur le terrain (...)".
Dans un autre entretien accordé à La Croix, le cardinal a reconnu que les attaques terroristes de Paris illustrent, de manière plus évidente encore, que "personne ne peut se considérer exclu du terrorisme". Donc oui, le Vatican peut être une cible "en raison de sa signification religieuse", a-t-il estimé, mais il ne compte pas "se laisser paralyser par la peur (…)" donc "rien ne sera changé à l’agenda du Pape", a-t-il assuré.
Interrogé sur le maintien ou non du jubilé, après les attentats de Paris, "sa finalité sort renforcée", a-t-il répondu, c’est "le moment juste pour lancer l’offensive de la Miséricorde". Le Pape veut qu’elle "serve aux personnes pour se rencontrer, se comprendre et dépasser leur haine". Le Miséricordieux, rappelle-t-il enfin, est aussi "le plus beau nom de Dieu pour les musulmans" qui sont invités à s’associer à cette Année Sainte.