L’aviation française a mené le premier raid sur la “capitale” de Daesh depuis les attentats de vendredi dernier.
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L’aviation française vient de commencer le bombardement de Raqqa. Cette attaque – qui présuppose l’accord de la Russie – se présente comme la première attaque sérieuse contre le cœur de l’État islamique. Et ce, moins en raison de l’ampleur des frappes, que de leur caractère symbolique.
Raqqa se présente comme le poste de commandement central de l’État islamique. Ancienne base d’entraînement et de planification des opérations, Raqqa sert de carrefour pour le trafic des armes entre les provinces d’al-Anbar et de Ninive avec la Syrie. Toute éradication de l’État islamique suppose la destruction de ses installations militaires. Un raid blindé y suffirait, mais cela supposerait un consensus de la communauté internationale ce qui n’est naturellement pas le cas.
Raqua, laboratoire de l’islamisme radical
Toutefois, Raqqa, est davantage qu’un poste de commandement. Il s’agit d’un véritable laboratoire de l’islamisme radical. La violence y est chaque jour réinventée et surtout mise en scène. Lors de l’annonce du califat, une grande fête y fut organisée en plein air. Y participaient des convaincus, des curieux, des jeunes et surtout des militants. Des propagandistes animaient la soirée ponctuée d’acclamations et de chants : “Ô Abû Bakr al-Bah, tu terrifies tes ennemis, de superbes vierges ont été appelées, enrôle-moi comme martyr”. À Raqqa sont exhibées les armes modernes de l’État islamique lors de défilés grandioses.
Mais cette ville est également un centre de détention et d’exécution : le 1er mai 2014, sept personnes y furent crucifiées publiquement, devant des enfants et des passants qui prenaient la scène en photo. Si Raqqa représentait depuis plus d’un an la vitrine du crime impuni, celle-ci a été brisée ce soir.
Pour aller plus loin : Olivier Hanne et Thomas Flichy de La Neuville, L’État islamique, anatomie du nouveau Califat, Bernard Giovanangeli, 2015