Le jumelage des deux communautés chrétiennes se concrétise. En août dernier, l’évêque de Fréjus-Toulon s’était rendu en Syrie pendant deux jours.
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Depuis mardi, Mgr Abdo Arbach, archevêque de Homs, est à Toulon, pour concrétiser le jumelage des deux diocèses français et syrien.
Dès son arrivée, l’archevêque syrien a rencontré plusieurs familles chrétiennes, syriennes et irakiennes, lors d’une soirée chaleureuse. Beaucoup d’émotion, et quelques pleurs lorsque Mgr Arbach évoque la guerre en Syrie : les Syriens présents peinent à entendre le quotidien d’un pays qu’ils ont quitté à contre-cœur.
Lorsqu’on lui pose la question, Georges répond sans l’ombre d’une hésitation : “Bien sûr que je rentre en Syrie dès que la paix est revenue !” ; sa femme insiste : “Notre terre est la Syrie, notre histoire, notre culture, nos racines s’y trouvent et c’est là-bas que bat notre cœur, malgré tout l’amour que nous avons pour la France qui s’est montrée si accueillante. Nous sommes d’Alep et la vie était devenue impossible”.
Mgr Abdo Arbach évoque cette cruelle hémorragie aleppine : “Avant la guerre, Alep comptait 300 000 chrétiens, il n’y en a plus que 10 à 20 000”, regrette-t-il amèrement. Beaucoup sont encore en Syrie, d’autres ont fui des conditions de vie trop difficiles, souvent pour leurs enfants.
Leur rêve est encore syrien, Mgr Arbach leur demande de ne pas oublier ce rêve. Il comprend que ces réfugiés ont voulu protéger leurs familles, échapper aux mains des islamistes, éviter les bombardements meurtriers, offrir un avenir à leurs enfants… Mais il martèle que la présence chrétienne est indispensable pour le Proche-Orient, et précise qu’elle est encore possible.
“J’étais évêque de la communauté melkite en Argentine pendant 16 ans. En 2012, le Pape m’a demandé de retourner en Syrie, à Homs”, raconte l’archevêque. “Mes fidèles argentins m’ont dit que j’étais fou de rejoindre une Syrie en guerre, j’ai répondu que celui qui a la foi n’a pas peur. Nous avons une mission, elle est terrible ces jours-ci mais nous avons aussi l’espérance.”
L’ecclésiastique illustre son propos avec l’exemple de la petite ville de Quseir située à la frontière libanaise et presqu’intégralement détruite lors de l’occupation des islamistes. Il y avait 900 familles melkites dans le village, 400 sont déjà rentrées malgré les impressionnantes destructions. “Il va falloir reconstruire ce pays, et nous y avons une place”, insiste-t-il.
En larmes, une jeune femme Syrienne intervient : “Nous sommes avec vous monseigneur, merci d’avoir ce courage pour notre pays, sachez que nous souffrons aussi d’être partis”. L’évêque répond immédiatement : “Je sais combien il est douloureux de vivre à l’étranger, je sais quelle souffrance signifie l’exil, je sais que la Syrie vous manque… Gardez-la foi et priez sans cesse, avec espérance : Dieu seul sauve”.
Quelques minutes après ces quelques mots poignants, le dîner rassemble tous les convives autour du prélat oriental. En marge du groupe, une Aleppine réfugiée en France commente : “Voyez la souffrance que cette guerre encouragée par vos gouvernements engendre : non contente de détruire une terre, elle ne cesse de détruire notre peuple, d’éclater nos familles et de déraciner nos enfants”.