Après quinze ans de travaux et d’échanges avec Rome, la nouvelle traduction française du Missel romain devrait entrer en usage pour le Carême 2017.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
Au cours de l’Assemblée plénière des évêques à Lourdes qui s’est achevée dimanche dernier, 8 novembre, le président de la Commission des épiscopats francophones pour les textes liturgiques, Mgr Nicolas Aubertin, archevêque de Tour, a annoncé l’achèvement imminent de la traduction française du Missel romain original en latin. “Les évêques ont jusqu’au 15 novembre pour faire part de leurs amendements et commentaires, après quoi les traducteurs élaboreront une version définitive intégrant aussi des demandes romaines” (La Croix).
Cette version définitive sera soumise au vote des évêques de France lors de leur prochaine Assemblée plénière, au printemps 2016, puis envoyée à Rome pour obtenir la “recognitio”, la reconnaissance officielle du cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin. Enfin, le texte sera livré aux imprimeurs. Selon Mgr Aubertin, “le premier dimanche de Carême 2017, le missel sera effectivement en usage pour la France et les autres pays francophones”.
Des habitudes à réviser
Dans la célébration eucharistique, il faudra donc que tant les célébrants que les fidèles révisent un certain nombre d’habitudes devenues quasiment des réflexes depuis 50 ans (la traduction en usage aujourd’hui dans les pays francophones remonte pour l’essentiel à 1965), ce qui demandera un certain apprentissage.
Au cours d’un entretien à KTO, Mgr Aubertin a donné trois exemples significatifs de correctifs apportés par la nouvelle traduction :
1. Dans le “Je confesse à Dieu” – le Confiteor –, on retrouvera la triple accusation du texte latin : “C’est ma faute, c’est ma faute, c’est ma très grande faute” au lieu du “oui, j’ai beaucoup péché”, vite dit, pratiqué actuellement.
2. Dans les préfaces prononcées par le célébrant, la formule française actuelle : “Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire, de t’offrir notre action de grâce toujours et en tout lieu” omet de traduire le et salutare : “et salutaire” (“Vere dignum et justum est, aequum et salutare”). “Salutare, explique Mgr Aubertin, cela veut dire que rendre grâce, c’est porteur de Salut. Je trouve que cela n’est pas anodin. (…) c’est important théologiquement de le redire.”
3. Une des corrections les plus attendues – demandées, à vrai dire, depuis un demi-siècle par de nombreux catholiques francophones qu’on ne saurait pour autant cataloguer d’ “intégristes” ni même de “traditionnalistes” –, concerne la sixième demande du Notre Père : “Ne nous soumets pas à la tentation”. À vrai dire, cette traduction n’est pas infidèle à la lettre (“Ne nos inducas in tentationem” pouvant effectivement se traduire ainsi) mais plutôt à l’esprit du Pater Noster : “En disant ‘Ne nous soumet pas à la tentation’, explique Mgr Aubertin à KTO, on avait l’impression d’un Dieu qui en quelque sorte commandait la tentation ou au contraire nous en dispensait. À la limite, un Dieu qui nous tirait le tapis sous les pieds si je puis dire”. La nouvelle traduction, également correcte du point de vue linguistique, nous fera donc dire : “Ne nous laisse pas entrer en tentation”.
En plus des exemples donnés par Mgr Aubertin, soulignons aussi, pour son importance théologique, le retour du “consubstantiel” au lieu du “de même nature” dans le Credo. Il n’est bien sûr pas faux de dire que le Fils est “de même nature” que le Père, mais c’est très insuffisant car cela ne caractérise en rien l’unité divine : deux êtres humains sont “de même nature” mais ne sont pas pour autant “consubstantiels”. Ils ne sont pas “un” : chacun d’eux reste un individu. Tandis que nous croyons “en un seul Dieu” : en adorant le Dieu trinitaire, nous sommes strictement monothéistes et non pas polythéistes (comme nous en accusent notamment nombre de musulmans).
Une exigence romaine réitérée
C’est Rome qui, par la voix de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, avait exigé il y a près de 15 ans que le Missel soit “traduit intégralement et très précisément, c’est-à-dire sans omission ni ajout, par rapport au contenu, ni en introduisant des paraphrases ou des gloses” (Instruction Liturgiam authenticam 7 mai 2001). Selon La Croix, une première révision avait été jugée insuffisante et rejetée par la Congrégation en 2007. C’est à cette date que la Commission du Missel romain (COMIRO), composée de sept spécialistes, a repris les travaux en cours d’achèvement.