Ils sont une famille de cinq enfants, venus tout droit d’Irak. Leurs premières paroles sont pour dire merci : “La France nous a bien accueillis”.
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Ils vivaient à Qaraqosh, à proximité de Moussoul, ville de 50 000 habitants, essentiellement chrétienne. La maman était fonctionnaire, tandis que le papa était gardien d’un bureau syriaque. Ils vivaient là depuis des générations : traditionnellement, les chrétiens syriaques d’Irak disent : “Cette terre a été fécondée par le sang et la sueur de nos pères”. Mais Mossoul est tombée, et entre Daesh et eux, il n’y avait plus que les Peshmergas kurdes. Les combats se sont rapprochés. Puis ils ont entendu parler d’une bombe qui a explosé dans le centre-ville, tuant des enfants.
“C’est le Christ qui nous a sauvé”
Sous leurs yeux, la ville est devenue un champ de bataille : combattants kurdes ou militants de l’organisation État islamique s’échangeaient des obus au-dessus de la ville, des tirs d’armes automatiques résonnaient et ils ont donc décidé de fuir avec leurs cinq enfants. Mais la famille n’avait pas de voiture et a dû s’entasser dans le véhicule d’un cousin. Ils ne pouvaient presque rien emporter avec eux, et ont vécu un trajet angoissant, jusqu’à Ankawa, dans la banlieue d’Erbil. Vingt heures dans la voiture où il y avait deux passagers par place, par 50°C. Les enfants réclamaient de l’eau pendant tout le trajet. Les bouteilles ont été vidées dès les premiers kilomètres.
Un aller simple ?
Ils sont partis en imaginant revenir rapidement “ce n’était pas la première fois qu’il y avait une alerte, se souviennent-ils. Quinze jours auparavant, les Peshmergas avaient repoussé Daesh. Mais cette fois Daesh a gagné, et notre ville est toujours entre leurs mains plus d’une année après”. Installés dans des conditions de fortune à Ankawa, des membres de leur famille élargie, installés en France, les convainquirent de se réfugier avec eux. Lorsqu’on leur demande s’ils espèrent revenir en Irak, ils répondent d’abord non… Puis réfléchissent et disent : “Oui, peut-être”… Puis : “Nous ne savons pas”.
“Merci !”
Tout au long de notre entretien, ils insistent pour remercier la France, Sœur Marie-Agnès Karatay, qui traduit leurs propos, et ceux qui les ont aidés à trouver un asile loin de Daesh. “La famille d’accueil est adorable avec nous, et prend très bien soin de nous !”, expliquent-ils. Une association leur donne des cours de français tous les vendredis « pour retrouver du travail, il nous faut parler votre langue ».
Ils découvrent la ville d’Albi, où tout les étonne : “La France ne ressemble pas du tout à l’Irak ! L’architecture, les paysages, tout est complètement différent, expliquent-ils. Le mode de vie des Français nous surprend aussi. Quand nous partons nous promener en famille, nous réalisons que nous sommes seuls, parce que, ici, les gens travaillent toute la journée. En Irak, de jour comme de nuit, il y a toujours du monde dehors ! Cette ambiance nous manque. Mais ici nous sommes libres, nous pouvons sortir sans craindre d’être la proie des terroristes”.