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Deux thèses, des années d’enseignement en philosophie morale et de nombreux écrits… Le saint Pape polonais était un philosophe accompli trop peu reconnu.
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Les audiences du mercredi, c’est une idée de saint Jean Paul II mise en place au Vatican dès son accession au trône de Pierre. La pastorale, la philosophie et la théologie s’enchevêtraient dans ces catéchismes hebdomadaires, tous centrés sur un même thème : la théologie du corps, l’amour humain dans le plan divin. L’objectif pour le Pape ? Lire la Genèse à travers le prisme de la théologie du corps.
Saint Jean Paul II est un philosophe et théologien chevronné. Après avoir soutenu deux thèses, une sur saint Jean de la Croix en 1948 et une seconde sur l’Allemand Max Scheler cinq ans plus tard, il devient professeur en philosophie morale à l’université de Lublin (Pologne), puis, titulaire de la chaire d’éthique en 1957.
La phénoménologie, saint Thomas d’Aquin et saint Jean Paul II
Philosophe, saint Jean Paul II a enseigné mais pas seulement. Il a également écrit des ouvrages pontes tels que Personne et Acte, marquant l’histoire de la philosophie pour Michel Boyancé, doyen de l’IPC : “Son apport propre a été d’éclaircir autrement la personne par une approche phénoménologique au-delà de saint Thomas d’Aquin mais sans rompre avec lui. Il a également souhaité renouveler la théologie en revisitant l’éthique fondamentale et la théologie du corps”.
Saint Thomas d’Aquin s’efforce d’accorder la foi et la raison. La foi apporte des vérités inaccessibles à la raison, que cette dernière est toutefois en mesure de conforter, sans toutefois les démontrer. S’inscrivant dans la lignée de saint Thomas, saint Jean Paul II s’inscrit dans le courant de la phénoménologie initié par Edmund Husserl au début du XXe siècle. Ce courant étudie les phénomènes, l’expérience vécue par la personne et les contenus de conscience. Intéressant. Mais pourquoi saint Jean Paul II s’inscrit-il dans le même courant qu’un certain Michel Foucault, pourtant si éloigné dans ses valeurs ?
Thibaud Collin, agrégé de philosophie, enseignant en classe préparatoire au collège Stanislas et professeur de philosophie morale à l’IPC y répond dans un cours public dédié à l’œuvre du saint Pape polonais : “Alors que Foucault se situe au carrefour de la phénoménologie et de la pensée nietzschéenne, Karol Wojtyła se place entre la phénoménologie et le réalisme thomiste [hérité de la pensée de saint Thomas d’Aquin, ndlr]”. Et Michel Boyancé de nous expliquer : “La personne peut se percevoir comme un être de subjectivité. Karol Wojtyła nous dit qu’à l’intérieur d’elle-même, la personne peut trouver une vérité objective sur elle-même”. Car saint Jean Paul II, le Pape, l’auteur et le dramaturge, est attaché à la vérité de la personne, viscéralement.
Alors qu’une grande partie de notre société s’attache au relativisme et au subjectivisme, saint Jean Paul II nous pousse à trouver la vérité, l’objectivité par nous-même, en faisant un usage radical de notre liberté. Cette pensée se retrouve d’ailleurs dans le Catéchisme de l’Église catholique : “L’Église sait que son message est en accord avec le fond secret du cœur humain quand elle défend la dignité de la vocation de l’homme et rend ainsi espoir à ceux qui n’osent plus croire à la grandeur de leur destin”.
La philosophie de saint Jean Paul II, quelle fécondité ?
Saint Jean-Paul II aurait-il l’avenir d’un saint Thomas d’Aquin, c’est-à-dire d’un philosophe reconnu partout dans le monde au-delà de la sphère théologique ? “En France, en dehors de la sphère chrétienne, il n’y a pas de fécondité en philosophie du travail de Jean Paul II mais partout dans le monde, il existe des instituts Jean Paul II qui étudient sa pensée”, répond Michel Boyancé.
En sus des investissements des Associations familiales catholiques sur l’œuvre de saint Jean Paul II, la génération française des philosophes de saint Jean-Paul II se situe à l’Institut de philosophie comparée dirigée par Michel Boyancé. Yves Semen, docteur en philosophie politique de l’université de Paris-Sorbonne et professeur de philosophie politique à l’IPC est le fondateur de l’Institut de théologie du corps (ITC) qui promeut l’enseignement majeur de saint Jean Paul II. Aline Lizotte, également professeur de l’IPC, a fondé l’Association pour la formation chrétienne de la personne (AFCP) qui organise sessions et formations sur la sexualité, basées sur l’enseignement de saint Jean Paul II.
Enfin, via la chaire de recherche Karol Wojtyła, l’Institut de philosophie comparée organise un cours par mois sur l’œuvre philosophie de saint Jean Paul II. C’est donc tout un réseau de philosophes français qui se tisse, lentement, autour des œuvres du Souverain Pontife slave.