“Nous ne savons pas combien de femmes dans les 30 dernières années ont été forcées d’avorter ou de se faire stériliser. Personne ne s’en soucie.”
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Harry Wu est le fondateur et directeur exécutif de la Fondation de la recherche sur les Laogai, qui enquête sur les abus du système pénitentiaire en République populaire de Chine. Originaire de Shanghai, Wu a passé 19 ans dans ces camps de rééducation par le travail – inspirés du goulag, le système concentrationnaire soviétique – pour avoir critiqué le Parti communiste.
Libéré en 1979, il est parti aux États-Unis en 1985, mais est retourné en Chine à de multiples reprises pour enquêter sur les camps de Laogaï et promouvoir les droits de l’homme. Il a été arrêté lors d’un de ses voyages, en 1995 et accusé de “vol de secrets d’État”. Une cour chinoise l’a condamné à 15 ans de prison, mais il a été expulsé grâce aux efforts de responsables politiques américains, de défenseurs de droits de l’homme et de diplomates. Aleteia l’a rencontré à Washington.
Aleteia : Que pensez-vous de la décision de la Chine de permettre aux couples d’avoir deux enfants ?
Harry Wu : C’est une décision du Parti communiste. Les gens pensent que le Congrès du peuple est l’organisation la plus puissante en Chine. Ce n’est pas le cas. Nous ne savons pas combien de femmes dans les 30 dernières années ont été forcées d’avorter ou de se faire stériliser. Comment contrôler la politique de l’enfant unique ? Actuellement, la Chine est face à une crise et laisse les gens tranquilles.
Les médias traditionnels ont indiqué qu’en dépit de l’assouplissement de la politique, beaucoup de couples chinois ne pourront se permettre d’avoir davantage d’enfants.
C’est un problème chinois. C’est la population la plus nombreuse au monde et ils tuent souvent les enfants et personne ne s’en soucie. En Chine, l’avortement est courant parce que c’est un régime communiste. La décision a été prise par la Conférence du Parti communiste chinois, non par le Congrès du peuple.
Nous aimons faire des affaires avec la Chine. Xi Jinping a été accueilli comme un dirigeant communiste par Obama. Qu’a dit Obama ? “Nous ne parlons que du Sud de la mer de Chine et d’Internet. C’est tout. Nous ne voulons pas parler de votre politique intérieure. Nous ne voulons pas être impliqués.” Cela signifie que 22% de la population mondiale n’est pas impliquée ni défendue.
La modification de la politique est-elle un pas dans la bonne direction ?
Il n’existe aucun autre pays monde où les gouvernements contrôlent les pensées fondamentales. Personne ne s’en soucie et si c’est une politique intérieure, “les Chinois peuvent faire ce qu’ils veulent”. Or, avoir des enfants est un droit fondamental de la Charte des droits de l’homme.
Vous êtes sceptique.
Le régime Communiste a privé les gens de liberté d’expression, de religion, de nationalités, et de la liberté d’avoir des enfants. Il n’existe aucune liberté religieuse en Chine, y compris pour l’Église catholique. Le lauréat du prix Nobel de la paix Liu Xiaobo est en prison. Et tout ce dont Obama veut parler à la Chine c’est la liberté Internet. Comment la Chine a-t-elle obtenu le contrôle totalitaire d’Internet ? Demandez à Cisco (Wu les accuse de travailler avec la sécurité du Parti communiste sur le Bouclier d’or, pour surveiller et censurer les dissidents, ndlr). Aucun gouvernement américain n’en a parlé.
On parle de la Corée du Nord et de son Goulag. Les experts soviétiques sont allés en Chine pour monter un système de Goulag. Les Américains s’en soucient-ils ?
Pas vraiment. Nous aimons la Grande Muraille. La Chine est un vaste marché avec une population active nombreuse qui peut fabriquer des produits. La Chine pourrait changer, mais quel est le principe de notre politique étrangère ? Que fait notre président ?