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“Sortir du célibat implique de vivre une prise de conscience”

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Marie Lorne - publié le 04/11/15
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Élisabeth Content, conseillère conjugale, reçoit de nombreux célibataires. Entretien et décryptage de situations souvent complexes.

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Élisabeth Content, conseillère conjugale, rencontre de nombreuses personnes célibataires dans son cabinet “Mots Croisés“, fondé avec Bénédicte Lucereau et Valérie Matthieu. Dans un livre, Ces amours qui n’avancent pas, ces trois conseillères conjugales décryptent les multiples raisons pouvant être à l’origine du célibat dont souffrent ces personnes.

Quelles sont les raisons qui poussent les personnes célibataires à venir vous consulter ? 
C’était une surprise quand nous avons ouvert “Mots Croisés”. Dès le début, nous avions beaucoup de célibataires, Parisiens pour la plupart, qui venaient nous voir. En général, ils ont entre 25 et 40 ans. Chacun a son histoire particulière, mais ils veulent souvent faire le point sur leur vie amoureuse. Ils peuvent se retrouver dans l’une des situations suivantes :

  • Ils “n’arrivent pas” à tomber amoureux ;
  • Ils ont rencontré quelqu’un mais ont du mal à s’engager durablement ;
  • Ils vivent de nombreux échecs amoureux ou des conflits relationnels répétitifs.

Quelles sont les solutions à ces échecs ?
Il faut prendre le temps de faire le point avec chacun sur son histoire personnelle. Pour ceux qui se posent des questions sur leur sentiment amoureux, il est important de se dire que le baromètre de la densité émotionnelle du ressenti amoureux n’existe pas. Certaines personnes ont de grands émois et d’autres moins. Il faut donc se poser des questions réelles : “Ai-je envie d’être avec cette personne ? Est-ce qu’elle m’attire physiquement, moralement ?”.

La société actuelle favorise-t-elle le célibat ?
Ce qui est certain, c’est que la société actuelle ne nous aide pas à mûrir ! Or, la maturité est, pour moi, à l’origine de bien des difficultés liées à l’engagement. Aujourd’hui, on fait des études plus tard, on reste tard chez ses parents. Alors que la maturité des hommes se situait avant à 25 ans, elle est aujourd’hui à 30 ans. C’est ce que j’observe.

Quels sont les facteurs les expliquant les différentes situations rencontrées par les personnes célibataires ?
Chaque personne a son histoire particulière et il est compliqué de parler de ce sujet de façon générale mais, dans les grandes lignes, je rencontre souvent plusieurs raisons à ces situations :

  • Les expériences amoureuses passées peuvent créer de véritables blessures chez les personnes, les freinant pour leur vie amoureuse présente ;
  • Un idéal masculin ou féminin très élevé peut empêcher quelqu’un de rencontrer l’homme ou la femme de sa vie car devient très difficile de rencontrer quelqu’un qui lui corresponde ;
  • Les blessures d’enfance peuvent égratigner les images de la femme ou de l’homme et créer des peurs ;

Comment réussir à dépasser ces difficultés ?
Tout est dans la « prise de conscience » de la vie réelle de la personne. Vous savez, certaines personnes ne sont pas prêtes à passer à un autre état de vie. Dans ce cas, elles ne veulent pas faire le point sur elles-mêmes et se poser les vraies questions : “Pourquoi je reste fixé sur cette vieille relation ? Suis-je prêt à vivre une vie différente de l’exact idéal que je me suis fixé ?”. Enfin, il faut oser regarder ses peurs en face : “Ai-je peur de la relation ? Ai-je peur de l’homme ou de la femme ? Qu’est-ce qui m’angoisse ou m’effraie ?”.

Il y a aussi ceux qui ont du mal à sortir d’un certain confort : ils ont un bon job, un emploi du temps flexible, de belles vacances etc. Et sont-ils prêts à mettre ce confort de côté pour vivre autre chose et rencontrer quelqu’un ?

Au contraire, vous avez des personnes qui sont prêtes à faire le point sur elles-mêmes en vérité et vivre une “prise de conscience” de leur vie. Elles acceptent de voir qu’elles auraient besoin d’éclaircir certaines choses dans leur passé ou dans le présent de leur existence.

Comment vivre cette prise de conscience quand on a été blessé par une précédente histoire amoureuse ?
L’enjeu est de faire le deuil de cette précédente relation afin de comprendre pourquoi on en est arrivé là et pourquoi ces relations passées n’étaient pas forcément le bon choix. En même temps, pour faire le deuil, il faut accepter de ne pas tout comprendre. Parce qu’on n’est pas dans l’ordre du rationnel, mais de l’émotionnel. Et puis il y a ce qui m’appartient, et ce qui appartient à l’autre. Enfin, il y a un temps pour vivre cette souffrance et la traverser. Lorsqu’on peut penser à la personne sans amertume et que nous ne pensons plus régulièrement aux moments passés avec elle, c’est le signe que le deuil est fait.

Que conseillez-vous aux personnes prêtes à vivre cette “prise de conscience” pour rencontrer leur âme sœur ?
Tout d’abord, elles peuvent se faire accompagner afin d’avoir un regard lucide sur elles-mêmes. Cela peut être un accompagnement psychologique ou spirituel, sinon, des confidences à des personnes de confiance. A éviter au maximum : les amis car ils ne sont pas toujours de bon conseil…Enfin, il est important de faire le point sur le passé (blessures affectives ou blessures relationnelles) et de définir l’image de la femme et de l’homme qu’on porte en soi.

Quels actes poser concrètement ?
Prendre des décisions! Il s’agit de prendre un tournant important dans sa vie et de la stabiliser en faisant des choix. On peut prendre un travail stable et arrêter de papillonner professionnellement par exemple. L’enjeu est d’accepter des contraintes de la vie : “Je ne fais pas toujours ce que je veux, quand je veux. J’accepte parfois de ne pas pouvoir toujours faire ce que j’aimerais”. Et c’est comme cela qu’on grandit et qu’on devient prêt à rencontrer la bonne personne.

Cela aide-t-il de construire des amitiés dans des groupes de célibataires ?
Oui et non. Oui car on peut rencontrer quelqu’un dans un groupe de célibataires. Mais en même temps, ce n’est pas toujours de vraies rencontres. Pour rencontrer la personne, il faut prendre du temps, beaucoup de temps. Il faut la voir seule à seule. Attention à la rapidité qui est souvent mauvaise conseillère ! Il faut du temps pour murir sa décision. Pas trois ans ou quatre ans bien sûr, mais un peu de temps !

Propos recueillis par Marie Lorne

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