Une petite femme menue à la joie de vivre communicative s’affaire dans les cuisines de l’église de la Trinité à Paris. Elle s’est mise au service des plus pauvres.
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Nermine rit avec ses voisines de table. Une pomme de terre dans la main, un éplucheur dans l’autre, elle plaisante sur la célébrité qui s’annonce à la vue de l’appareil photo braqué sur elle. Depuis plus de trois ans, cette femme est bénévole à la soupe populaire organisée par l’association Trinité-Solidarité. Chaque vendredi matin entre octobre et juin, elle épluche et coupe des légumes frais pour 150 à 200 personnes démunies qui viennent prendre un repas chaud dans la crypte de l’église. Une soupe, du pain, un dessert, un café ou un thé. En plein hiver, grâce aux dons de la banque alimentaire, de particuliers et de professionnels, jusqu’à 1 000 personnes sont servies chaque semaine : ce sont les “invités”.
Née en Égypte, Nermine s’est installée définitivement en France en 2011. Peu de temps après, une amie lui a parlé de la soupe de la Trinité. “Ce qui me plaît, c’est de servir les gens quelles que soient leur nationalité, leur origine ou leur confession.” Musulmane pratiquante, elle ne voit pas d’inconvénient à servir dans une église. “Ici, c’est la maison du bon Dieu. Dieu, Il est le même pour tous.” Avec le temps, cette guide conférencière a appris à parler aux invités en faisant abstraction de leurs pauvretés extérieures. “Je regarde l’être humain tel qu’il est. S’approcher de ces personnes démunies et réussir à les faire parler, c’est le plus important.” Récemment, elle est parvenue à entrer en contact avec une femme assez âgée et d’un abord très difficile qui vit dans la rue, “une grande victoire”, admet-elle, heureuse. Comme elle, ils sont une centaine de bénévoles à servir les plus pauvres quatre midis par semaine. Un service qui existe depuis plus de 30 ans aux côtés d’autres initiatives comme l’Hiver solidaire ou Macadam café.
Derrière son large sourire, cette femme engagée n’a pas peur d’affirmer ses opinions. Sans doute plus attentive aux différences sociales, elle trouve choquant de voir au restaurant des assiettes à moitié pleines au départ des clients. Elle est témoin de deux mondes parallèles avec d’un côté les plus pauvres et de l’autre les très riches. “Récemment, j’ai entendu au Bon Marché un gamin de quatre ans réclamer à sa mère de la sole à dîner ! Et à côté de cela, il y a des gens qui fouillent dans les poubelles pour un morceau de pain.” Chaque année, lors de la récolte de la banque alimentaire, elle remarque : “Ceux qui donnent le plus sont parfois ceux qui possèdent le moins. Mais on n’emporte pas son argent dans la tombe”, sourit-elle.
Nermine est une bénévole aguerrie. En Égypte et désormais en France, elle aide d’autres associations comme les Restos du cœur ou le Foyer de La Madeleine. Est-ce une façon pour cette passionnée d’art de se sentir utile ? “Et comment ! Sinon je ne serais pas là, je serais dans un musée en train d’admirer un beau tableau !”
Pour devenir bénévole à la soupe populaire de Trinité-Solidarité, contacter Sigolène Bernard à cette adresse.