La supérieure de la congrégation des Amantes de la Croix de Thu Thiêm dénonce une tentative de spoliation du gouvernement vietnamien.
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Hô-Chi-Minh-Ville, anciennement Saigon. Depuis deux semaines, les religieuses veillent sur leur école Sainte-Anne. En matière d’image, le gouvernement aurait déjà perdu si l’affaire était plus médiatisée : les sœurs en habit arborent des cierges contre les armes de la police. Alors que des miliciens locaux sont venus épauler les équipes de démolition, qui ont fait le 22 octobre 2015 une première intrusion musclée avec un bulldozer, les religieuses ont reçu le renfort de laïcs, dont certains sont venus en fauteuil roulant.
Fauteuil roulant contre bulldozer
Les équipes de démolition se sont retirées, mais le différend demeure : les autorités ont fait parvenir à Sœur Maria Ngoan Thi Nguyen, la supérieure de la congrégation, une lettre dans laquelle elles affirment que “rien n’atteste” que l’école Sainte-Anne est une propriété de la congrégation. Et que l’établissement se trouvant sur un territoire dans lequel va être créée une “zone urbaine nouvelle”, il est hors de question de restituer les bâtiments. Cette “zone urbaine nouvelle” dans Saigon menace par ailleurs deux églises catholiques et un temple bouddhiste, constate Église d’Asie.
Un différend vieux de 40 ans
Lorsqu’en 1975, le nouveau gouvernement communiste a “emprunté” l’école Sainte-Anne, tenue par les religieuses, certaines conditions assortissaient officiellement cet emprunt : les bâtiments ne devaient être utilisés qu’à des fins éducatives, et ils devaient être restitués à leurs propriétaires si cette condition n’était plus remplie. Selon Sœur Maria Ngoan Thi Nguyen, le gouvernement n’a pas tenu sa promesse.
Elle dénonce dans une lettre ouverte l’injustice faite à sa congrégation et avertit : “Nos sœurs sont à présent jour et nuit sur le site, déterminées à protéger notre propriété à n’importe quel prix, car elle est le fruit du dur labeur de nos prédécesseurs. Notre génération a le devoir de la protéger”. Les Amantes de La Croix de Thu Thiêm se sont effectivement installées sur les lieux en 1840. À l’époque, c’était une zone marécageuse et peu accueillante.
Les Amantes en plein développement
Malgré toutes les difficultés qu’elles rencontrent avec un pouvoir qui leur est hostile, les religieuses de cette congrégation connaissent une belle vitalité. Elles sont actuellement 503, dont 327 ont prononcé leurs vœux perpétuels et 114 leurs vœux temporaires, et se répartissent dans 53 communautés.