Le gouvernement indien veut interdire le commerce des mères porteuses à tous les couples étrangers afin de réguler un phénomène dont il admet avoir perdu le contrôle.
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En Inde, depuis 2002, date de son introduction sur le territoire, la gestation pour autrui (GPA) est devenue un marché tellement florissant que l’on ne parle plus que de “phénomène de marchandisation” contre lequel le gouvernement a décidé de mener bataille en interdisant aux couples étrangers, les principaux bénéficiaires, d’y avoir accès. D’après les organismes de défense de la santé et des droits des femmes en Inde, “le tourisme de la procréation” est en forte hausse, générant des trafics de personnes et d’argent devenus incontrôlables.
Un revirement qui demandera du temps
Dans une déclaration à la Cour suprême, accompagnée d’une pétition d’avocats et juristes en ce sens, le gouvernement indien annonce sa décision de n’autoriser plus que les citoyens indiens avec des problèmes de fertilité à avoir recours à cette pratique qui attire chaque année 25 000 couples étrangers provenant de pays européens où celle-ci est interdite (France, Allemagne, Espagne, Portugal, Italie, Luxembourg, Autriche…), ou de pays comme les États-Unis où il est ouvert mais jugé trop onéreux. “Le gouvernement ne soutient pas le commerce des mères porteuses”, souligne la déclaration gouvernementale qui admet qu’il faudra “un certain temps pour changer la loi”.
Fin 2012, l’Inde – considérée un important vivier de mères porteuses potentielles – avait déjà interdit aux célibataires et couples gays étrangers de recourir à la GPA. Il faut savoir que cette pratique porte à la naissance près de 6 000 enfants chaque année pour un milliard de dollars environ de chiffre d’affaires. La Cour suprême indienne avait demandé au gouvernement de préciser les mesures qu’il envisageait pour réguler la situation, dénoncée comme “une forme d’exploitation de la pauvreté de certaines femmes”.
Décision saluée comme “un bon début”
Jennifer Lahl, directrice et fondatrice du Center for Bioethics and Culture Network, a accueilli ce revirement de situation comme “un bon début”, rapporte Asianews, mais doute que cela puisse changer la motivation des femmes qui louent leur ventre, la plupart d’entre elles étant issues de milieux pauvres et voyant en cette pratique la possibilité d’une rentrée d’argent.
Selon les experts, ces femmes ignorent souvent les conséquences de telles grossesses pour leur santé et beaucoup d’entre elles sont “exploitées ou trompées” par des cliniques sans scrupules. Rien qu’à New Delhi, on compte des dizaines de cliniques spécialisées dans cette activité. En cas de complications pour la mère porteuse, ni le médecin ni la clinique ne sont tenus pour responsables.