Le scrutin qui a amené le parti d’Erdogan à retrouver la majorité absolue est en soi une surprise mais ne saurait faire oublier les conditions de vote.
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Les opposants du parti islamo-conservateur de Erdogan peuvent souffler. Si leur défaite est cuisante, l’essentiel est sauvé, à 14 voix près, le chef de l’État possédait une majorité suffisante pour modifier la Constitution. Toutefois avec 49,3 % des suffrages, l’AKP a défié les pronostics en écrasant ses rivaux. Certes aidé en cela par une opportune fermeture des médias d’opposition du pays à deux jours des élections.
Les Kurdes, grands perdants du scrutin
Qui sont les perdants ? La démocratie ? Peut-être. Le parti kurde ? Certainement. Avec l’obtention de 59 sièges, le parti kurde HDP en perd 21 et a tout juste passé la barre des 10%, condition sine qua non pour siéger à l’Assemblée (550 sièges). Toutefois, il semblerait que le regain de violences entre le PKK et le gouvernement n’ait incité une partie de la population kurde à voter en faveur d’Erdogan pour calmer la situation. Le co-président du parti kurde HDP, Selahattin Demirtas a eu beau dénoncé une élection “ni équitable, ni juste”, Erdogan est maintenu.
Un désir de stabilité, sagesse ou utopie ?
L’électorat turc a fait son choix, un président aux aspirations tyranniques et aux pratiques démocratiques douteuses est préférable à un changement de majorité, qui sera synonyme de troubles et d’insécurité. Ce qui n’est pas sans rappeler cette phrase historique, prononcée à l’aube du plus grand conflit mondial : “Ils avaient le choix entre le déshonneur et la guerre, ils ont choisi le déshonneur”. Cette phrase de Churchill est pratique car intemporelle ; la Turquie va pouvoir continuer à vivre en menant sa politique de double-jeu permanent, en oubliant la fin de la citation car “ils ont choisi le déshonneur et ils auront la guerre”.