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Chine : Fin de “l’enfant unique” mais pas de la dictature antifamiliale

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Philippe Oswald - publié le 30/10/15
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Le pouvoir communiste chinois autorise désormais deux enfants par couple, tout en maintenant le contrôle drastique des naissances. La famille reste soumise au bon vouloir de l’État.

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Le Parti communiste chinois (PCC) a annoncé le 29 octobre un assouplissement du système de contrôle des naissances dans le pays : après 35 ans de politique dite de “l’enfant unique”, les époux chinois sont autorisés à avoir deux enfants. La décision a été prise lors du 5e plénum du comité central du PCC, qui s’est conclu ce jeudi.

Amendes, stérilisations, avortements forcés

Instaurée en 1980, la loi de planification familiale imposait aux couples de n’avoir qu’un enfant. Les contrevenants s’exposaient non seulement à de lourdes amendes et à perdre leur emploi, mais aussi à des stérilisations et à des avortements forcés, même tardifs. Ce fut “la plus vaste et plus extrême expérience de contrôle des populations jamais tentée par un État dans le domaine de la reproduction des humains”, selon le démographe Wang Feng, professeur à l’université de Fudan (Shanghai) et à l’université de Californie (États-Unis), spécialiste reconnu des questions démographiques de la Chine populaire et adversaire déclaré de la politique de l’enfant unique (Églises d’Asie).

Cette loi inique connaissait de nombreuses exceptions dans les campagnes, surtout si le premier enfant était une fille : en Chine comme en Inde, ne pas avoir de descendance mâle est vécue comme une malédiction. Ces populations en venaient à braver les menaces et les mesures de rétorsion, mais surtout recouraient massivement à l’avortement pour peu que les parents sussent que l’enfant à naître était de sexe féminin. “Le nombre d’avortements a culminé entre 1982 et 1992, à plus de 10 millions par an, avec des pics à plus de 14 millions en 1983 et 1991” (Le Parisien).

116 garçons pour 100 filles

Plus que l’Inde, où sévit aussi le fléau de l’avortement des filles, la Chine connaît depuis trois décennies, à cause de sa politique de l’enfant unique, un désastreux déséquilibre démographique entre les deux sexes : 116 garçons pour 100 filles l’an dernier, et un ratio total dans la population de 105 hommes pour 100 femmes. Des dizaines de millions de filles et de femmes manquent aujourd’hui à l’appel.

La politique de l’enfant unique se solde aussi par un indice de fécondité tombé 1,7 enfant par femme loin du seuil de renouvellement des générations (2,1). Cela met la Chine en fâcheuse posture face à son grand rival, l’Inde, dont le taux moyen de fécondité est actuellement de 2,5 enfants par femme en âge de procréer.

Enfin, avec l’allongement de la durée de la vie, la pyramide des âges créée par cette politique drastiquement malthusienne a conduit à ce que l’enfant unique ait souvent à sa charge ses deux parents et ses quatre grand parents… ce qui est simplement intenable. Les statistiques gouvernementales montrent qu’en 2050, un tiers de la population chinoise sera âgé de plus de 60 ans.

Comme l’équipage du Titanic…

Les autorités communistes, peu enclines à faire leur autocritique, soutiennent que la politique de l’enfant unique a évité quelque 400 millions de naissances et contribué à l’essor économique du pays. Mais confrontées aux effets désastreux de cette mesure tyrannique, elles s’efforcent de corriger le tir “après de nombreux appels en ce sens d’experts chinois d’agences officielles ou d’instituts de recherche” (Le Monde). Déjà en en novembre 2013, le pouvoir avait lâché du lest en permettant aux Chinois d’avoir deux enfants si l’un des deux parents était lui-même enfant unique.

Mais c’est bien tard ! La politique démographique c’est comme la navigation avec un paquebot lancé à pleine vitesse : quand la vigie aperçoit l’iceberg, on a beau tenter d’infléchir sa route, il faut beaucoup de temps pour le faire changer de cap. Malgré leur profonde insatisfaction d’être réduits à n’avoir qu’un enfant, les couples chinois, surtout dans les villes, sont confrontés à des conditions de vie et à un appauvrissement dû à la crise économique qui laissent peu d’espoir aux démographes d’assister au “baby boom” dont la Chine aurait aujourd’hui un cruel besoin.

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