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Cinéma. Elser, vivre libre ou mourir en héros

ELSER Bild 131 Artur Nebe (Burghart Klausner) Heinrich Müller (Johann von Bülow) Protokollführerin (Lissy Pernthaler) Georg Elser (Christian Friedel) Foto: Bernd Schuller Tel: 0049-171-1934908

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Jean Muller - publié le 28/10/15
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L’histoire d’un attentat méconnu. Celui qui, à 13 minutes près, aurait pu changer le cours de l’Histoire.

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Le 8 novembre 1939, dans la sombre nuit munichoise, une explosion retentit. Comme chaque année, Hitler prononçait ce soir-là une allocution dans la fameuse brasserie Bürgerbräu. Seulement, le Führer avait quitté la brasserie 13 minutes avant le déclenchement de la bombe, qui tuera au passage huit innocents. L’auteur de l’attentat, Georg Elser (Christian Friedel), est rapidement identifié et mis sous les verrous. Persuadé que cet ouvrier, vaguement de gauche, n’a pu agir seul, l’état-major allemand veut démasquer ceux qui se cachent derrière cet attentat. Et pour cela, les enquêteurs ne reculent devant rien.

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Certaines scènes de torture sont d’une tension difficilement soutenable. Torture physique d’abord, psychologique ensuite. Pour éviter un triste sort à sa fiancée, Elser finit par avouer qu’il est bien celui qui a installé la bombe et affirme avoir agi tout seul. Tout à fait convaincu que l’action d’Hitler était nuisible pour l’Allemagne, c’est avec une grande minutie et une détermination sans faille qu’il a réalisé son attentat. Une réalité difficile à admettre pour les enquêteurs, qui ne comprennent pas comment un seul homme – qui plus est allemand – pourrait en vouloir au Führer au point d’attenter à sa vie.

Totalitarisme et vérité

Arthur Nebe, directeur de la police judiciaire, finit par comprendre qu’Elser a agi seul et en homme libre. “Je crois qu’on ne peut rien tirer de lui que la vérité”, dit-il à son collègue Heinrich Müller, le chef de la Gestapo. “C’est nous qui décidons de la vérité”, lui est-il répondu. Voilà la caractéristique des régimes totalitaires parfaitement illustrée par Oliver Hirschbiegel : l’absence de vérité qui permet la manipulation. Orwell disait que “s’il est dit que deux et deux font cinq, eh bien, deux et deux font cinq. Cette perspective m’effraie bien plus que les bombes”. Les nazis ont combiné les deux.

Onze ans après La Chute, Oliver Hirschbiegel a délaissé les productions hollywoodiennes aux qualités discutables au profit de ce qu’il sait faire de mieux. Une réalisation réaliste et pleine de tension permet de faire brillamment sentir l’atmosphère de l’Allemagne provinciale à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Christian Friedel incarne avec justesse, sincérité et profondeur un homme qui, loin d’être marginal, décide librement de ne pas laisser son pays perdre son âme. Une figure historique souvent oubliée.

Elser, un héros ordinaire d’Oliver Hirschbiegel, au cinéma depuis le 21 octobre

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