Témoignage du padre Gallego, exorciste officiel de l’archidiocèse de Barcelone
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Entre écoute, diagnostics, prières, exorcismes, le padre Juan José Gallego, exorciste de l’archidiocèse de Barcelone, officie avec dévouement et discernement. Son mot d’ordre, il le résume ainsi : « Les manifestations du malin sont multiples. Oubliez les films tels que ‘L’Exorciste’ car la normalité peut être tout autant, voire plus inquiétante. Le malin ne se manifeste pas en tant que tel, mais au travers de ses ravages. Les personnes souffrent, s’éloignent de Dieu : telle est la mission du malin ».
Aleteia : Les possessions démoniaques sont-elles plus fréquentes qu’on ne le pense ?
Père Gallego : Oui, mais elles ne représentent que 10% des exorcismes, le reste étant dû à l’influence du malin.
Votre certitude est-elle totale dans les cas possession démoniaque ?
Non, jamais. Ce que je vois, ce sont des manifestations de l’esprit du malin chez des croyants, qui ne sont d’ailleurs pas nécessairement catholiques, mais qui sont en situation de souffrance et ont besoin d’être délivrés du démon. Ils me demandent de les guérir, mais en vérité c’est Dieu qui agit.
Ces personnes sont issues de tous les horizons, de tous les milieux. Je n’hésite pas à les réorienter vers le médical si je m’aperçois que leur cas relève du psychologique.
Quel est le profil de l’exorciste ?
Il faut être très patient, puisqu’il convient parfois de s’y reprendre à plusieurs fois. Il faut avoir un sens apostolique de l’aide. Être exorciste, ce n’est ni facile, ni agréable. On ne le choisit pas. Et il faut être pieux, prudent, et intègre.
Quels sont les côtés positifs ?
Lorsque l’on constate une amélioration, c’est très beau. Mais certaines personnes me vouent une vénération que je trouve effrayante, comme si j’étais un sorcier. J’ai pour habitude de répondre que la guérison ne dépend pas de moi, mais de Dieu, ce qui me tranquillise.
L’exorcisme doit mettre un certain temps avant de fonctionner.
Parfois c’est immédiat. Je demande à la personne de lire l’Évangile tous les jours. Et de prier. Si c’est un cas de possession ou d’influence, seul Dieu peut aider. Les saints aussi, mais c’est Dieu qui ôte le démon.
Avez-vous déjà eu peur ?
Seulement lors de ma nomination à ce poste en 2007. J’ai immédiatement dit oui mais je ne me rendais pas compte de la charge impliquée.
Comment faites-vous pour ne pas être affecté personnellement ?
Tout ce que je fais, c’est au nom de l’Église, pour aider. Il y a des moments difficiles où certains voient des choses très étranges, ont des visions, ressentent des présences… Je tiens mes distances, et mets complètement de côté certaines choses, sinon je deviendrais fou.
Il faut avoir confiance en Dieu. Soit on est un homme de foi, soit on quitte ce poste. Humainement… c’est tout sauf simple. Parfois on est même menacé, ou le démon parle au travers la personne possédée.
Peut-on se rendre compte soi-même que l’on est possédé, ou c’est notre entourage ?
Les deux sont possibles. Il existe néanmoins des symptômes : perte de sommeil, envie de suicide.
Comment se pratique l’exorcisme ?
Je revêts l’étole, et prends de l’eau bénite, ainsi que du sel. Puis nous commençons la prière de protection.
En général c’est la renonciation à Satan qui est le plus dur. Si j’observe un blocage, j’arrête immédiatement. Sinon, le rite perd tout son sens.
Je termine par deux prières. La Vierge est pour moi de toute première importance. Je propose la prière de Saint Bernard, ainsi que celle de Saint François : « Seigneur, fais de moi un instrument de paix »… Et je les incite à revenir à Dieu. C’est le seul moyen.