Le père Toufic Eïd, curé de Maaloula en Syrie, est en France actuellement pour témoigner de la situation de sa paroisse.
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Aleteia : Vous êtes déjà venu en France en février dernier, pourquoi revenir une nouvelle fois ?
Père Toufic Eïd : Rien n’a changé depuis : l’occident n’est jamais intervenu efficacement. Je suis revenu à l’invitation de l’association Sos Chrétiens d’Orient, pour témoigner une nouvelle fois sous la forme de conférences. Nous avons choisi comme thème pour cette visite “l’espoir, une décision de foi”, car résister et faire un effort permanent découlent d’un choix qu’il faut renouveler chaque jour. Je viens donc pour témoigner de ce qu’est la vie des chrétiens de Maaloula et de leurs paroisses. Depuis un an et demi de libération, la vie a repris et les maisons se reconstruisent, c’est un constat qu’il faut mettre en perspective avec l’immigration de masse que l’on observe partout en Europe.
Comment faut-il interpréter ce phénomène d’immigration massive ?
L’immigration en Syrie est devenue une sorte de “phénomène de mode”. Même si certains n’ont pas besoin d’immigrer, ils partent pour l’Europe malgré tout. Une sorte de frénésie mimétique s’est emparée de nombreuses personnes qui ne font que reproduire l’exemple de certains autres. Une trentaine de jeunes sont partis de Maaloula, dont un pharmacien qui est mort en mer. Il n’avait pourtant absolument aucune raison de quitter Maaloula qui est aujourd’hui pacifiée… C’est un problème qui découle directement du manque de sentiment d’appartenance à la société et de l’instabilité politique syrienne. Beaucoup partent mais nous, nous continuons la reconstruction du pays avec ceux qui restent, c’est notre défi. Voilà pourquoi je viens en France pour expliquer comment nous poursuivons notre travail dans cette situation.
Comment se passe donc cette reconstruction ?
Nous essayons de reprendre les activités paroissiales, en premier lieu le catéchisme. Des jeunes étudiants et lycéens ont aussi relancé le scoutisme. Nous avons par ailleurs reformé une communauté féminine au sein du monastère et remis sur pied une crèche ainsi qu’une chorale. Autant de choses qui ont redonné vie à notre paroisse malgré la perte de la moitié de nos fidèles. Nous étions 3 000 avant la guerre mais plus de 1 500 personnes sont partis pour différentes raisons, soit à Damas pour le travail ou les études, soit ont immigrés au Liban ou ailleurs.
Une chose est survenue depuis votre première visite en France, c’est l’intervention Russe. Comment est-elle perçue par les Syriens ?
Les Syriens, globalement, ont la sensation que cela aura des répercussions positives sur la situation actuelle. Du point de vue militaire, cette intervention a beaucoup de sens puisque l’armée Syrienne a d’ors et déjà repris l’initiative sur le front. Sur le plan politique, nous pouvons dire que cela a stabilisé la société en quelques sortes. Certaines personnes ne voyaient plus aucune issue à ce conflit mais l’arrivée des russes leur a redonné un peu d’espoir.