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Benyamin Netanyahu tord l’histoire de la Shoah

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Marc Eynaud - publié le 22/10/15
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Dédouanant Hitler, le Premier ministre israélien a prêté l’idée de la “Solution finale” au grand mufti de Jérusalem. Les juifs européens apprécieront.Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a affirmé lors d’une allocution qu'”Hitler n’[avait] jamais voulu tuer les juifs d’Europe mais que c’[était]le grand mufti qui l’y [avait] poussé”. Rappel des faits, les vrais.

Que les choses soient claires : le Premier ministre israélien a été pris en flagrant délit de mensonge. Ce qu’il a affirmé est historiquement faux et cela est prouvé. En revanche, la relation et le soutien que le grand mufti de Jéruslem a apporté à Hitler sont bien réels.

Qui est Amin al-Husseini ?

Militant pour l’indépendance de la Syrie-Palestine, Amin al-Husseini voit en Hitler un allié contre les anglo-français et contre les juifs dont il est opposé au retour en Palestine dans les années 30. Paradoxalement, il doit son titre de “grand mufti” aux Britanniques, en effet il doit être choisi par le haut-commissaire britannique entre trois candidats présentés par les autorités arabes. Mais durant les élections de 1921, Al-Husseini n’était arrivé qu’en quatrième position. Poussés par la nécessité d’équilibrer les forces entre les Husseini et le clan rival des Nashashibi, les Britanniques le désignèrent en dépit du scrutin.

Der Großmufti von Jerusalem bei den bosnischen Freiwilligen der Waffen-SS. Der Großmufti schreitet die Front mit erhobenenm Arm ab. SS-PK-Kriegsber. Mielke

Le Grand Mufti de Jérusalem Amin al Husseini inspectant la 13e division de montagne de la Waffen SS Handschar © Wikimedia commons / Mielke / German Federal Archives
Le grand mufti de Jérusalem Amin al Husseini inspectant la 13e division de montagne de la Waffen SS Handschar © Wikimedia commons / Mielke / German Federal Archives

En janvier 1941, il se réfugie en Allemagne et demande à Hitler de soutenir le projet d’une Palestine libre. Fort du soutien et des financements du Reich, il prononce alors une fatwa ordonnant un djihad contre les Britanniques pour les chasser de Palestine et de Syrie. Après la victoire britannique, il s’enfuit définitivement et retourne auprès d’Hitler en novembre 1941. De là, il ne cesse d’appeler les musulmans à soutenir l’Axe contre les Alliés et participe à la création de la division SS Handschar, composée en immense majorité de musulmans Bosniens. Parallèlement, la division SS Skanderbeg, composée d’Albanais est créée.

Après la guerre, il se réfugie en France. Il est autorisé à quitter le pays pour l’Égypte où il reprend ses projets nationalistes jusqu’à sa mort en 1974.

Projets politiques

Les historiens sont formels : le grand mufti connaissait les projets d’exterminations des juifs à grande échelle par les nazis. Il fut d’ailleurs recherché après la guerre pour collaboration (par les Britanniques) et crime de guerre (par les Yougoslaves). Son antisémitisme était surtout au service de ses projets nationalistes et panarabes.

Toutefois, il est clair qu’il voyait davantage en Hitler un allié contre les “colonisateurs français et anglais” qu’un modèle politique. Il ne faut pas considérer al-Husseini comme un fanatique religieux uniquement motivé par sa haine des juifs. Il était surtout guidé par un pragmatisme politique dénué de toute compassion et de toute émotion. Hitler lui-même reconnut son génie politique.

Une récupération hasardeuse

Les dires de Netanyahu sont donc irresponsables. Tout d’abord parce qu’ils sont historiquement inexacts, ensuite parce que dans le contexte actuel de tension entre Israéliens et Palestiniens, jeter de l’huile sur le feu en chargeant les Palestiniens des crimes commis par Hitler constituent une injure et une calomnie. Calomnie envers les Palestiniens s’étant engagés avec les Britanniques pour combattre les Allemands. Calomnie envers les familles palestiniennes des années 40 dont certaines ont risqué leur vie en cachant des voisins juifs. Une injure à la vérité et à la justice.

Netanyahu s’engage sur une pente très dangereuse. Condamné par la quasi-totalité des responsables de l’État hébreu et des Palestiniens, il s’isole de plus en plus et donne l’image d’un homme aux nerfs usés par le pouvoir et la politique du rapport de force perpétuel.

Le dignitaire palestinien Saeb Erekat a déclaré que “Monsieur Netanyahu devrait cesser d’utiliser cette tragédie humaine pour essayer de faire avancer son agenda politique”. Tout est dit.

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