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Sur la route de Damas avec le patriarche Grégoire III, l’orphelin devenu père de tout un peuple

Grégoire III Laham

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Marinella Bandini - publié le 16/10/15
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Parcours d’un moine, de l’orphelinat au séminaire, le coeur bercé par le chant de sa mère.

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Le religieux est passé de l’orphelinat aux bras de l’Église. Aujourd’hui moine et évêque dans sa Syrie natale en guerre, Grégoire III Laham est patriarche d’Antioche des grecs-melkites catholiques. Il est né en 1933 aux portes de Damas, à Darayya, où selon la tradition s’est converti saint Paul. “J’ai grandi orphelin, mon papa est mort quand j’avais 4 ans. J’ai vécu avec ma mère et mon grand-père jusqu’à mes 10 ans. (…) Puis j’ai passé deux ou trois ans dans un orphelinat au Liban.” Une histoire qui le porta à fonder en 1966 la Maison de la Divine Providence, qui accueille un orphelinat d’une centaine d’enfants, une école technique pour 500 étudiants et un centre pour la jeunesse.

“Qui veut devenir prêtre ? Je suis le seul à avoir levé la main…”

Son parcours de prêtre a commencé de façon rocambolesque à l’orphelinat : “Un jour, s’est présenté un prêtre qui cherchait quelqu’un qui souhaitait le devenir. Il nous a demandé : ‘Qui veut devenir prêtre ?’. Je suis le seul à avoir levé la main… C’est comme cela que je suis allé au monastère de Saint-Sauveur”. Il se souvient très clairement de sa maman qui chantait : “Ma mère était très pieuse et religieuse. Elle chantait avec une cousine les hymnes liturgiques que même les jeunes séminaristes d’aujourd’hui ne connaissent pas. On les chantait dans les familles”. “On allait à la messe, ma mère et mon père nous tenant par la main. Les parents nous amenaient à l’église, pas comme aujourd’hui (…). Ce lien entre les parents et les enfants dans la prière est important.”

Une valeur à retrouver qui évoque un autre souvenir : “J’étais chez une famille à Darayya. Le matin, à 6 h 55, nous étions sur la terrasse et la mère allaitait son petit. La cloche sonna et l’enfant s’écarta de sa mère et fit le signe de croix. Il n’avait même pas deux ans. Aujourd’hui ces choses n’existent plus. Chez nous on dit : “Il boit la foi avec le lait de sa mère”. Si la mère vit une vie spirituelle, l’enfant grandit avec. “Nous devons aujourd’hui faire comprendre aux mères ce contact spirituel avec les enfants.”

La guerre a rapproché le peuple syrien de son Église

Grégoire III évoque l’époque de son enfance : “Il y avait un sens de la famille qui n’existe plus”. Mais même dans un environnement contradictoire comme celui d’aujourd’hui, l’expérience de la famille est possible : “Parfois (…) je sens que je suis père, mère, frère, sœur, oncle, grand-père. Je sens que je suis devenu pour les familles le centre de leur vie. C’est extraordinaire. Nous n’avons jamais autant senti la proximité entre l’Église et le peuple qu’en ces quatre ans et demi de guerre. Quand je suis dans la rue les gens m’arrêtent pour me parler de leurs problèmes…”.

Grégoire III Laham avec les deux autres patriarches et cinq évêques de différentes confessions chrétiennes restent parmi les leurs : “Je ne rate pas une occasion de rentre visite aux familles, paroisses, surtout quand je sais qu’il y a une victime. Je rends visite à tous les foyers, même de non-catholiques, pour être proche, aider, consoler”. Restent la blessure et la douleur face à l’exode des jeunes. Un phénomène qui “fait perdre à la société syrienne en tant que telle, et chrétienne en particulier, les agents les plus importants de son l’avenir”.

Laissés sans éducation, les enfants syriens “sont les terroristes de demain”

Et puis les enfants : 20 000 écoles ont été détruites et “ces enfants sont les terroristes de demain. L’EI est déjà dans les foyers. Si la guerre ne prend pas fin ces enfants sans école sont l’État islamiste de demain. C’est pourquoi il est important de travailler sur le terrain, d’être proche du peuple, mais aussi d’élever la voix pour dire au monde entier : assez, plus jamais de guerre !”.

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