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France/Arabie saoudite : 10 milliards, toute honte bue

French military shipbuilder DCNS' CEO Herve Guillou (L) signs agreements in presence of French Prime Minister Manuel Valls (2nd L) and Saudi Defence Minister Mohammed bin Salman bin Abdul Aziz (2nd R) in Riyadh on October 13, 2015. France announced a series of deals worth 10 billion euros ($11.4 billion) with Saudi Arabia to reinforce links with the conservative Islamic kingdom despite persistent criticism from rights activists of the kingdom's record on civil liberties. AFP PHOTO / KENZO TRIBOUILLARD

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Philippe Oswald - publié le 14/10/15
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Manuel Valls se félicite des 10 milliards d’euros promis par l’Arabie saoudite, alors que ce pays bafoue sans retenue les droits de l’homme sur son sol et au Yémen.

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Cocorico ! Ce serait presque l’affaire du siècle. Selon les services du Premier ministre, les contrats conclus le 13 octobre à Ryad portent sur les secteurs de l’énergie, de la santé, de l’agroalimentaire, du maritime, de l’armement : 30 patrouilleurs rapides, des satellites, des infrastructures… Sauf qu’une bonne partie des 10 milliards d’euros reste des promesses : “aucune vente ferme”, n’aurait été confirmée selon Capital.

Loin des 50 milliards promis

De fait, la moisson serait plutôt décevante, selon Le Figaro : “L’Arabie saoudite, dont François Hollande a voulu faire un partenaire clé dès son élection en 2012, s’était engagée en mai 2015 à signer sur plusieurs années l’équivalent de 50 milliards d’euros de contrats et accords avec la France. (…) Les accords effectivement signés mardi sont peu nombreux et pèsent moins de 3 milliards d’euros”.

Peu importe aux yeux du Premier ministre : “L’important, c’est cette perspective, cette dynamique”, a souligné Manuel Valls en rappelant que la France est le troisième investisseur dans le royaume saoudien, car “étape par étape, nous approfondissons à chaque fois ce partenariat” (La Voix du Nord).

Le moment où jamais ?

Lyrique, Manuel Valls a lancé un appel vibrant aux investisseurs saoudiens : “Venez en France, venez investir, c’est le moment plus que jamais” (Le Point).

Le moment est en effet on ne peut mieux choisi de resserrer nos liens avec l’Arabie saoudite : les autorités y ont procédé à 134 exécutions depuis le début de l’année, un jeune chiite saoudien, Ali al-Nimr, est condamné à mort pour avoir participé à des manifestations antigouvernementales, un Anglais de 74 ans risque de succomber aux 350 coups de fouet qu’il doit recevoir après avoir purgé un an de prison pour possession de bouteilles de vin artisanal (Le Parisien).

Est-il vraiment “bien judicieux d’aller vendre des armes sophistiquées ou des satellites à un pays qui piétine les droits de l’homme, emprisonne les opposants politiques, coupe des têtes au sabre, dénie aux femmes de nombreux droits (y compris celui de conduire une automobile) et sponsorise l’islamisme radical dans le monde entier ?”, s’interroge Le Nouvel Observateur. Qui plus est, cette annonce de contrats plus ou moins juteux survient alors que l’intervention l’Arabie saoudite dans la guerre civile au Yémen se solde par des milliers de morts : “(…) les forces de la coalition conduite par Riyad n’hésitent pas à bombarder des villes et des villages, des maisons, des écoles. Des milliers de civils sont morts depuis mars. Amnesty international est allé voir les résultats de 13 frappes près de Sa’ada : la moitié des morts sont des enfants”.

Mais la délégation française s’est montrée très, très discrète pendant son séjour à Ryad sur la question des droits de l’homme. Un silence sans doute renforcé par le “partenariat spécial” que la France a conclu avec le royaume saoudien lors du dernier sommet du Conseil de coopération du Golfe, le 5 mai dernier (La Tribune).

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