Lancée en juillet dernier dans le diocèse de Forli, une campagne d’adoption est lancée par des paroissiens. Témoignage de l’archevêque syro-catholique de Mossoul, Mgr Yohanna Petros Mouché, réfugié parmi les réfugiés.
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Plus d’une année est passée depuis le terrible “jour noir” des chrétiens de Mossoul, – noir comme le drapeau des combattants de Daesh planté sur leurs églises et couvents – jetant des milliers de chrétiens dans l’errance et le désespoir pour ne pas avoir à subir les “nouvelles règles de vie” d’un jeune califat autoproclamé, avide de conquêtes entre l’Irak et la Syrie. Les conditions étaient claires : “Soit vous vous convertissez, soit vous payez une taxe de protection et disposez de 24 heures pour dégager de vos maisons”.
Adopter pour soutenir dans la continuité…
Mgr Yohanna Petros Mouché, archevêque syro-catholique de Mossoul et Qaraqosh – vidée de ses chrétiens elle aussi – est toujours sans diocèse, un réfugié au milieu de 120 000 autres réfugiés irakiens de la plaine de Ninive, ballotté d’un camp à l’autre, dans l’attente de cette “libération” promise mais qui n’arrive pas tant les enjeux de l’engagement militaire occidental en Syrie sont nombreux (Aleteia).
À ses côtés, un tout jeune prêtre, le père Majeed Attalla, qui l’accompagne dans ses tours d’Europe pour sensibiliser l’opinion publique au drame de tous ces chrétiens et mettre en garde contre le danger d’une islamisation de tout l’Occident. Étape obligée Forli, en Italie, où la campagne “Adoptons les chrétiens de Mossoul”, lancée en juillet dernier par la paroisse Regina Pacis, se poursuit. Pourquoi adopter ? “Pour donner de la continuité au soutien, chacun selon ses propres possibilités : un euro par mois, un euro par semaine ou un auro par jour”, indiquent les organisateurs sur Forlitoday.
Chrétiens d’Irak plus unis que jamais
À Forli, les citoyens sont venus nombreux écouter l’histoire de Mgr Yohanna Petros Mouché et des dizaines de milliers de personnes ayant fui Mossoul ce fameux 6 août 2014. “Vous ne pouvez pas imaginer ce que c’est de tout perdre en une nuit !” Le père Majeed, à ses côtés, se souvient de la fuite en voiture très vite transformée en marche à pieds pour essayer d’atteindre le Kurdistan “avec parmi eux des femmes enceintes, des vieillards, des enfants et des malades”.
Puis l’arrivée enfin à Ankawa – la cité chrétienne d’Erbil, au Kurdistan irakien – et le début d’un autre calvaire : celui des camps, sous des tentes bouillantes de chaleur puis entassés dans des bâtiments préfabriqués 14 mois sont passés, et ils ne peuvent toujours pas rentrer chez eux, comprenant sans se le dire trop que la solution est difficile et encore loin. “Tout ce que nous savons c’est que nous ferons tout pour rester unis, comme peuple, comme fidèles. Les gens sont fatigués, certains commencent à partir, il faut prier pour nous car l’EI (État islamique) n’est pas loin…”
“Nous avons tout perdu mais pas notre foi”
Mgr Mouché témoigne : “Nos gens vivent au milieu de mille privations, mais nos églises sous les tentes sont pleines : nous célébrons mariages, baptêmes, premières communions, les enfants viennent au catéchisme (…). Malgré tout, la vie de tous les jours continue. (…) En fuyant Mossoul, nous avons tout perdu mais avons sauvé notre foi”.
Il le redira quelques jours plus tard à Rome, où il lancera un dernier appel aux pères synodaux : “N’oubliez pas les familles irakiennes (…) : une famille sans toit, sans argent, qui n’a pas de quoi acheter des médicaments pour un enfant malade, vit entassée avec d’autres familles, a de gros problèmes. Que le synode serve à attirer l’attention aussi sur nous, à redonner à nos familles leur dignité”, familles qui “nous apprennent à éduquer nos enfants, au prix de leur vie”, lui a fait écho le curé de la paroisse San Pietrelcina, l’abbé Alfio Tirrò (romasette.it).