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L’art du portrait à la cour des Médicis au Musée Jacquemart-André

La dame du voile de Ridolfo del Ghirlandaio

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Maëlys Delvolvé - publié le 07/10/15
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L’histoire d’une reconquête du pouvoir par l’image et les arts.

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Cet automne, le musée Jacquemart-André propose un parcours chronologique autour de l’art du portrait à la cour des Médicis, montrant comment la puissante dynastie s’est emparée des arts pour asseoir son autorité à Florence au XVIe siècle. Les ducs de Florence, puis les grands-ducs de Toscane avaient en effet conscience de l’efficacité du portrait en tant que moyen d’affirmation publique. En témoigne l’exceptionnelle étendue de leur commande artistique.

La présentation didactique de l’exposition décrit judicieusement les étapes de cette réhabilitation des Médicis par l’image.

Un art raffiné et profondément codifié

Entre 1492 et 1512, la République florentine de Savonarole puis Soderini chasse les Médicis du pouvoir et prône rigueur et sobriété, par opposition aux règnes fastueux de ces derniers. Lorsque Alexandre de Médicis reprend définitivement le pouvoir en 1530, après des années de troubles et de négociations avec la République, il doit faire face à l’hostilité de ses sujets. Le nouveau duc de Florence, ainsi que son successeur Cosme Ier, entreprennent une politique de légitimation par l’image en commandant à des artistes tels que Vasari ou Francesco Salviati des portraits héroïques en armure.

Au cours du siècle, l’autorité des Médicis est peu à peu reconnue par les Florentins, et leur cour est réputée pour son raffinement extraordinaire. En 1539, Cosme Ier épouse Éléonore de Tolède, qui sera portraiturée par Bronzino, peintre officiel du duc. L’artiste fait preuve d’une finesse et d’une élégance extrêmes, dans le traitement des costumes et des bijoux comme dans sa volonté de représenter les traits de la princesse avec le plus grand réalisme.

Une fois la reconquête assurée, les représentations des souverains sont donc démilitarisées et mettent en valeur le statut et la splendeur des ducs. L’exposition révèle que rien n’est laissé au hasard dans cet art du portrait : la composition, le cadrage, les vêtements, les attributs et les expressions visent à exprimer la gloire des personnages représentés.

Des mécènes éclairés

À la fine maîtrise de l’art politique de propagande s’ajoute un mécénat inestimable de la part de la dynastie. Les souverains apportent en effet leur soutien aux jeunes institutions que sont l’Académie florentine des belles lettres et l’Académie des arts du dessin, fondée par Vasari. La place des arts et des artistes est particulièrement considérable à la cour de Florence.

Si Cosme Ier multiplie les chantiers monumentaux en faisant construire les Offices, son fils François Ier s’intéresse davantage aux arts décoratifs et à la miniature, et commande à Bronzino une délicieuse série de vingt-neuf petits portraits familiaux. Les Médicis ont une conscience artistique très forte et cherchent à favoriser l’émulation entre les arts, dans une tradition littéraire de dialogue entre la poésie et la peinture.

Le faste d’une cour européenne

Les portraits d’apparat très codifiés de courtisans florentins, à l’image de l’idéal décrit par Balthazar Castiglione, sont le signe que la cour florentine suit le modèle des autres monarchies européennes. En 1600, Marie de Médicis, fille de François Ier, épouse Henri IV, roi de France. L’artiste Santi di Tito donne un portrait monumental de la nouvelle reine, remarquable par la précision et la délicatesse de sa robe, ainsi que par la grande dignité du personnage.

Le Musée Jacquemart-André revient brillamment sur ce qui a fait la fortune de cette grande famille, en exposant des effigies d’une ravissante finesse qui illustrent aussi bien la grandeur et le pouvoir des Médicis que leur amour des arts et de la beauté.

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Florence, portraits à la cour des Médicis, au Musée Jacquemart-André, 158 bd Haussmann, Paris 8e. Plein tarif : 12 euros, Tarif réduit : 10 euros. Jusqu’au 25 janvier 2016.

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