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Le Bhoutan, premier pays 100% bio ?

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Isabelle Cousturié ✝ - publié le 04/10/15
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À quelques mois de la conférence sur le climat (COP21) à Paris, petit coup de projecteur sur un pays qui s’ouvre à la modernité en faisant de son retard économique un atout.

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Il était une fois… un petit royaume, en Asie, qui avait décidé un beau jour de surprendre tout le monde en annonçant qu’il serait le “premier pays au monde à vivre d’une agriculture 100% biologique”.  C’était en 2012, à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable à Rio, et 40 ans après la fameuse déclaration de son roi : “Le ‘bonheur national brut’ (PNB) est plus important que le ‘produit intérieur brut’ (PIB)” qui avait fait le tour du monde, posant les jalons d’une nouvelle manière  de penser “croissance et développement économiques responsables”. Nous parlons du Bhoutan, un petit pays de 750 000 habitants, niché au cœur de l’Himalaya, entre l’Inde et le Tibet, où 80% de la population vit encore de l’agriculture de subsistance et la protection de l’environnement est donc primordiale pour sa survie si elle veut en faire un atout de modernité aux yeux du monde.

Un exemple pour toute la planète ?

“Le Bhoutan a décidé de s’engager dans une économie verte à la lumière de l’extraordinaire pression que nous exerçons sur la planète”, explique le ministre de l’Agriculture, Pema Gyamtsho. “Nous avons identifié des récoltes qui peuvent devenir bio immédiatement et d’autres qui verront un retrait progressif de l’utilisation des produits chimiques, comme le riz.” Y arriveront-ils ? Depuis trois ans, cette question revient sporadiquement dans les pages des journaux. À deux mois de la conférence sur le climat (COP21) à Paris, où des problèmes comme la déforestation, l’utilisation des pesticides, les mauvaises habitudes de consommation, seront largement évoqués, reporterre.net, le “quotidien de l’écologie” revient sur cette politique du “tout bio” qui ne sera pas “un objectif simple à atteindre”, reconnaît Norden Lepcha du National organic program, le Programme biologique national.

Le bonheur est dans le bio

De croyance bouddhiste, le Bhoutanais vit de sa foi et de la bonne conservation et promotion de sa culture. Son  principal souci est de vivre en harmonie avec la nature, où Dieu est omniprésent sur les sommets, dans son  foyer et sa vie. Ainsi les rivières et les arbres sont sacrés, de même que les montagnes (l’alpinisme y est d’ailleurs interdit). Et une grande partie de la population n’utilise que du compost ou des feuilles pourries comme engrais pour leurs plantations. Cette recherche du “tout bio” n’est donc pas un scoop pour les locaux. Ce qui est nouveau c’est de voir l’Occident se raccrocher à la “méthode bhoutanaise” pour orienter ses nouvelles politiques de développement. Quatre conférences internationales se sont déjà tenues sur l’indice du “Bonheur national brut (BNB)” – définition jugée plus holistique que le Produit national brut (PNB) pour mesurer la valeur de la richesse naturelle, humaine, sociale et culturelle d’un pays – entre 2004 et 2008, au Bhoutan, en Nouvelle-Écosse, en Thaïlande et une nouvelle fois, au Bhoutan.

Le retard économique, un atout

“Le Bhoutan est en avance sur les mutations de société… Il est en avance écologiquement parce qu’il est en retard économiquement”, explique le groupe d’experts des Nations Unies qui travaillent avec le Bhoutan sur la notion du bonheur. Cet indice se base sur quatre principes fondamentaux : la croissance et le développement économiques responsables, la promotion de la culture bhoutanaise, la sauvegarde de l’environnement, la promotion du développement durable et la bonne gouvernance Et même si le Bhoutan est confronté aux affres de la mondialisation malgré tous ses efforts pour la contenir, à ceux de problèmes comme la sous-alimentation pour 25% de la population selon les critères de l’ONU, et la terrible menace des bouleversements climatiques, tous ses efforts pour étendre la superficie de ses forêts, pour réguler les eaux, protéger les sols et préserver le climat, sont “nécessaires et bénéfiques” pour lui-même et pour le monde entier, assure Nirden Lepcha.

Plus facile à dire qu’à faire

Le règlement national de l’agriculture biologique est encore en cours de rédaction. Il devrait probablement être finalisé en 2016. Trois niveaux de certification seraient envisagés – local, national et international – mais les premières contradictions entre l’objectif d’autosuffisance alimentaire et l’objectif du tout bio ont fait leur apparition. Et ni le précédent, ni l’actuel gouvernement n’a encore fixé d’objectif dans le temps pour obtenir ce 100% bio qui reste pour le moment à l’état de “déclaration internationale”. Mais comme dit la journaliste Marie-Monique Robin, auteure du documentaire Bhoutan : au pays du Bonheur national brut, il y a dans ce pays “un effort sincère de penser autrement” que l’on ne saurait sous-estimer.

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