“François est Pape depuis deux ans et il n’a pas changé la moindre virgule dans la catéchèse de l’Église catholique.” Entretien avec le vaticaniste John Allen Jr.
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Le pape François, lors de la dernière étape de sa visite apostolique aux États-Unis, a rencontré les familles réunies à Philadelphie le 26 septembre.
Cette rencontre est essentielle car elle a lieu pendant la préparation du synode sur la famille, un événement d’une grande importance pastorale pour l’avenir de l’Église catholique, et également parce que certaines des critiques et prises de position les plus virulentes contre les travaux du synode viennent justement des États-Unis.
Depuis plusieurs mois, des milieux radicaux répandent des interprétations parallèles de la doctrine sur la famille, en interprétant des phrases du Pape François retirées de leur contexte : “Qui suis-je pour juger un homosexuel ?”, “Le pardon à ceux qui avortent” sont des exemples de phrases qui servent ensuite à des élucubrations débouchant sur une “doctrine de la famille pour les nuls”, créée par les blogs et les réseaux sociaux.
Ce “climat de suspicion” autour du synode a poussé un secteur conservateur sérieux et informé à demander au Pape plus de clarté dans la doctrine sur le mariage et la famille. À ce sujet, John Allen Jr., vaticaniste et rédacteur adjoint du quotidien Boston Globe, déclare que beaucoup de ces polémiques sont dues non pas à ce que dit le Pape, mais plutôt à la manière dont sont transmis les messages du Pape aux États-Unis.
“La presse américaine est assez étrange. Je ne parle pas des grands médias, mais des blogs, des petites agences, etc. Ils écoutent avec grande attention ce que déclare le Pape, mais ne prêtent pas attention à ce qu’il suggère”, déclare John Allen Jr. à Aleteia.
“Deux ans se sont écoulés depuis que François est devenu Pape et il n’a pas changé la moindre virgule au catéchisme de l’Église catholique, ce qui montre bien qu’il n’est pas un révolutionnaire de la doctrine. Ce qui l’intéresse, c’est que la doctrine soit appliquée dans les écoles, dans les hôpitaux. Il souhaite qu’elle soit appliquée de manière souple, ouverte, plus miséricordieuse.”
Le Souverain Pontife “n’est pas en train de bouleverser l’enseignement traditionnel de l’Église et j’ai l’impression que ce message n’est parfois pas bien entendu”.
Certains secteurs conservateurs sont-ils focalisés sur de supposés changements de doctrine qui ne correspondraient pas aux actes réellement posés par François ?
J.A : “Selon moi, il existe une frange conservatrice de l’Église aux États-Unis qui est très inquiète parce qu’elle croit que le Pape est sur le point d’opérer une révolution théologique au sein de l’Église. Mais dans les faits, ces deux dernières années et demi prouvent que le Pape n’a aucune intention de modifier la doctrine”.
“La ‘droite’ catholique n’a pas encore compris le Pape. Il est intéressant de constater qu’en revanche, la gauche catholique a bien perçu le changement. Il y a deux ans, ils étaient les premiers supporters de François. Ils ont désormais compris que le Pape ne changera pas la donne sur des sujets comme le préservatif, l’avortement, etc.”
“Les catholiques modérés, environ 85% du total, sont au centre et se sentent proches du Saint-Père, tandis que son message reste incompris par la minorité aux deux extrêmes : la droite fondamentaliste comme la gauche progressiste.”
John Allen Jr. vit à Rome, il est journaliste et vaticaniste.