Une paroisse de Kuala Lumpur organise depuis 2013 une marche “pour la paix et l’unité” où se rassemblent chrétiens, musulmans, bouddhistes et hindouistes.
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“Nous avons chacun notre religion, et notre religion est notre chemin vers Dieu, il nous faut respecter l’itinéraire de chacun”, explique le père Simon Labrooy, curé de la paroisse de l’église de la Divine-Miséricorde, à Kuala Lumpur (Malaisie), cité par Asianews.
Unité malaisienne
Depuis 2013, ils sont ainsi un millier, issus de divers groupes religieux et ethnique à marcher pour célébrer la fête nationale malaisienne. Cette année, le comité organisant l’événement incluait des responsables religieux musulmans, bouddhistes, sikhs, hindous et bahaïstes en plus des chrétiens. Yaakob Sapari, imam associé à la marche explique : “Si vous laissez les gens cloisonnés, il y aura des problèmes parce qu’ils ne se comprendront pas. Avec plus d’interactions entre les différentes races, nous pourrions mieux nous comprendre, et en même temps que cette compréhension viendra le respect. C’est alors que nous pourrons vivre en paix et en harmonie”.
Non à la tolérance !
Mais ne parlez pas de tolérance au père Simon ! “Nous ne pouvons rien dire de mal les uns envers les autres, ni utiliser une expression comme la ‘tolérance religieuse’. Il n’y a pas d’amour dans la tolérance. Nous devons respecter la foi les uns des autres.” Cette marche patriotique, qui insiste sur l’unité de tous les malaisiens intervient dans un période troublée politiquement. Le Premier ministre Najib Razak est accusé de corruption et des dizaines de milliers de Malaisiens ont protesté contre lui, réclamant sa démission. Il l’a refusé, provoquant l’exaspération des Malaisiens : la fraude dont il se serait rendu coupable concernerait 700 millions de dollars.
Le nom d’Allah
Environ 60% des Malaisiens sont musulmans. Quant aux chrétiens, ils représentent 2,6 millions de personnes sur les 28 millions que compte le pays. Les rapports entre les deux communautés ont été entachés en 2015 par l’affaire du nom d’Allah. La Cour fédérale avait alors décrété que les chrétiens n’avaient plus le droit d’utiliser le nom d’Allah pour signifier “Dieu”. Une décision funeste, d’autant plus que dans la langue locale, les chrétiens utilisent dans leurs prières le nom d’Allah depuis des siècles.
Le conflit juridique remonte à 2007. À cette époque, le journal catholique Herald s’était vu révoqué sont autorisation d’utiliser le mot “Allah” dans son édition en malais. Le journal avait saisi un tribunal qui lui avait donné raison en 2009. Mais cette décision de justice avait provoqué de vives tensions dans le pays. Des lieux de culte avait été visés avec des cocktails Molotov, des jets de pierres et de peinture. Sous la pression de la rue, l’interdiction d’utiliser le nom d’Allah pour les non-musulmans avait été réintroduite en 2013. Ce revirement épousait la trajectoire du ministre Najib Razak. Entré en fonction en 2009, il avait progressivement infléchi ses discours, à l’origine conciliants envers les minorités religieuses, pour satisfaire les musulmans les plus durs.