Au lendemain de son coup d’État, le 18 septembre, la junte militaire ne contrôle qu’une petite partie du pays. L’armée n’a toujours pas choisi son camp.
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À Bobo Dioulasso, deuxième ville du pays non loin de la frontière ivoirienne, les forces de l’ordre ont déserté la rue. Des bandes armées civiles, montées sur leurs barricades, contrôlent le périmètre. Chacun s’érige en gardien de la démocratie.
Malgré l’annonce de la libération du président de transition, Michel Kafando, et de plusieurs de ses ministres, l’Union africaine maintient ses sanctions à l’encontre des putschistes. Elle a qualifié les auteurs du coup d’État au Burkina Faso de “terroristes”, décrété leur interdiction de voyager et gelé les avoirs des membres de la junte du “Conseil de défense de la démocratie”.
L’armée observe mais n’intervient pas
Le pays retrouvait peu à peu son calme après la contestation du mois d’octobre 2014, qui avait abouti au départ de l’ancien président Blaise Compaoré, quand les autorités de transition ont été renversées vendredi par les hommes du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) et leur chef, le général Gilbert Diendéré.
La junte ne maintient qu’un contrôle partiel de la capitale. Le millier d’hommes du RSP ne saurait à lui seul prendre le contrôle du pays. Le reste de l’armée observe pour le moment la situation sans intervenir.
En attendant, le mystère plane sur les intentions du général Diendéré. Cet ancien chef d’état-major particulier du président déchu Blaise Compaoré, a partagé les 27 années au pouvoir de ce dernier. Assez longtemps pour se forger une véritable aura. Ancien élève de Saint-Cyr, l’homme est bien connu du commandement militaire française. En 2007, il saute ainsi en parachute avec le général Beth, ambassadeur français au Burkina. Il reçoit la légion d’honneur des mains du Président Sarkozy, appuie la traque des djihadistes au Sahel ou l’opération “Licorne” en Côte d’Ivoire et sert d’intermédiaire dans les négociations pour libérer des otages détenus au Sahel.
Vers une “élection sans exclusive”
En Afrique, impliqué dans les guerres au Liberia, en Sierra Leone ou au Mali, il est mis en cause par l’ONU pour trafic d’armes en 2005. Voudrait-il rendre le pouvoir à son ancien patron Blaise Compaoré ? Il le nie. L’homme a promis l’organisation rapide “d’une élection sans exclusive”. Il conteste en effet la loi interdisant aux partisans de l’ancien président Compaoré de se présenter aux élections présidentielle et législatives qui devaient avoir lieu le 11 octobre. La France, l’Union européenne et l’Union africaine ont appelé à un prompt retour à un pouvoir civil.