L’obtention du statut de réfugié en France est un casse-tête administratif à la Kafka.
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La France est théoriquement tenue d’accorder le statut de réfugié à ceux qui fuient un pays en guerre. En tant que signataire de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, elle doit accueillir tout homme qui craint “avec raison d’être persécuté du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques”.
Plusieurs restrictions à ce droit existent dans les faits, et notamment celle de parvenir jusqu’au territoire national. En effet, les ambassades et les consulats situés à l’étranger ne sont pas considérés comme appartenant au territoire national dans ce cas. Par conséquent, les étrangers qui tentent de bénéficier du statut de réfugié en France, doivent tenter de se rendre sur place, par leurs propres moyens.
Encouragement à la clandestinité
C’est un encouragement évident, y compris pour ceux qui fuient les zones de combat, à se rendre en France sous un faux prétexte, notamment en employant un visa touristique. Cette pratique est devenue tellement généralisée que les associations de défense des réfugiés conseillent, si possible, de faire une demande de visa touristique pour se rendre en France.
Il existe bien un “visa d’asile” mais “il n’est presque jamais accordé”, nous apprend l’association France terre d’asile. De fait, même les visas touristiques sont rarement accordés. Entre les difficultés administratives diverses et la celle d’accéder aux institutions légales dans les pays en guerre, beaucoup de réfugiés font le choix de tenter la dangereuse traversée de la Méditerranée. Cette clandestinité génère tout un réseau de passeurs et de fabricants de faux papiers.
Trafic de visas
Plus grave encore, aux dires de chrétiens irakiens, certaines ambassades sont impliquées dans des trafics de visas. Plusieurs contacts tentant de fuir leurs pays se sont ainsi vu offrir des visas pour la Grèce, la Pologne ou la Lituanie en échange d’une forte somme d’argent… Difficile d’imaginer qu’un tel trafic soit possible sans des complicités parmi les fonctionnaires.
La tracasserie administrative comme seule frontière
Beaucoup de réfugiés qui tentent d’obtenir des visas sont perdus et se sentent abandonnés. Ils entendent dire que les pays européens sont prêts à les accueillir, mais dans les faits, ils voient rarement leurs demandes aboutir. Ils restent souvent plusieurs années sans réponse. Une mère de famille irakienne de la région de Mossoul témoignait ainsi : “Il y a plus d’un an que notre demande de visa est en attente, pourquoi les Français ne nous ont-ils pas dit à l’époque simplement ‘non’ ? Nous aurions préféré !”.
L’application stricte des lois entrainerait un flux colossal de ces réfugiés, mais pour l’éviter, la seule parade semble être les tracasseries administratives en tous genres, les prétextes pour bloquer les dossiers etc. Ainsi, Sœur Marie-Agnès Karatay, religieuse dans un camp à Erbil en Irak a constaté que certaines familles obtenaient des visas, mais de façon dispersée, pour décourager les départs ? “Je soupçonne qu’il y ait plus que de l’incompétence, avoue-t-elle. Quand une famille au complet obtient un visa pour la France, sauf la petite dernière de 7 ans, j’ai le sentiment très net qu’on fait semblant d’accorder un droit d’asile sur le papier, mais qu’on n’est pas prêt à assumer ! Quelle famille partirait d’un pays en guerre en laissant derrière elle une gamine ? Ce genre de manœuvre sert à empêcher l’afflux de réfugiés tout en sauvant les apparences !”
Paradoxe français
Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés, la France n’aurait accordé le statut de réfugié qu’à 1 500 Syriens depuis 2003, contre 21 000 en Allemagne. Un chiffre à mettre en parallèle avec le nombre de migrants, tous pays confondus, accueillis en France en une année : 258 000.