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Syrie : Le point sur une guerre qui dure depuis 4 ans

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A Syrian army soldier fires artillery shells towards Islamic State (IS) group jihadists in northeastern Palmyra on May 17, 2015. Syrian troops pushed IS group jihadists back from the ancient city of Palmyra, easing fears over the world heritage site, after fighting that left hundreds dead. AFP PHOTO / STR

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Sylvain Dorient - publié le 16/09/15
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La Syrie est en lambeaux, déchirée entre factions rivales, groupes terroristes et armée régulière.

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La situation militaire en Syrie peut sembler très confuse. Les notions classiques de fronts continus ne s’y appliquent pas. Le nombre de protagonistes est troublant, entre groupes djihadistes divers et milices de tous bords, qui parfois même changent de camp… Voici donc la situation actuelle selon les grandes zones de combat.

Au Nord-Ouest, la bataille d’Alep

Le régime syrien ne contrôle plus qu’une petite partie de son territoire, mais il conserve les régions les plus peuplées du pays. La région d’Alep, deuxième ville du pays, représente une importance stratégique de premier plan. Les rebelles de l’Armée syrienne libre, très présents dans la ville en 2012, ont progressivement été absorbés par des groupes djihadistes radicaux, notamment, par al-Nosra, filiale d’Al-Qaïda en Syrie. En 2015, les djihadistes ont tenté une vaste offensive, essayant notamment d’envelopper les loyalistes par le nord et l’ouest de la ville.

La ville d’Idleb, à l’ouest d’Alep est ainsi passée entre leurs mains. L’armée arabe syrienne, appuyée par des milices d’autodéfense, a néanmoins réussi à se maintenir à Alep. Ces combats ont révélé les moyens fantastiques dont dispose al-Nosra : outre les missiles qui ont fait leur apparition début 2015, ils ont déployé des tanks américains récents, très supérieurs aux vieux chars russes de l’armée syrienne régulière. Cette dernière maintient une voie terrestre précaire, qui lui permet de maintenir le contact avec Damas. Au nord d’Alep, en revanche, il n’y a plus trace de l’autorité d’Assad : seuls les Kurdes disputent le contrôle de la frontière turque aux forces du pseudo État islamique et d’al-Nosra.

Au Nord-Est, Kurdes et milices chrétiennes contre Daesh

L’État islamique (Daesh) a lui aussi tenté de vastes offensives au début de l’année 2015. La plus connue fut celle de Palmyre, où un site antique a été démantelé et détruit. Mais l’attaque menée sur Assaké, au Nord-Est du pays n’était pas moins importante en terme de moyens engagés. La percée a réussi, permettant aux djihadistes de s’emparer d’une partie de la ville d’Hassaké et d’une portion de la région incluant les villages chrétiens du bord de la rivière Kabur. Mais la contre-offensive, menée conjointement par les Kurdes, l’armée syrienne régulière et des milices chrétiennes, a chassé les assaillants. Durant la bataille d’Hassaké, ces derniers ont fait usage de gaz moutarde, et un important stock de cette arme chimique a été mis à jour.

Le bastion de Deir Ez Zor

À l’Est du pays, la ville de Deir Ez Zor n’est plus reliée au reste de la Syrie que par son aéroport. Ce bastion loyaliste est cerné de toutes parts par l’organisation État islamique. Sur place, les militants de l’Armée syrienne libre, opposants de la première heure du président Assad, se sont joints à l’Armée arabe syrienne pour faire front contre les djihadistes. Le régime n’est pas décidé à lâcher ce bastion qui lui permet de conserver un aéroport pour ses frappes aériennes dans l’Est du pays. Il aurait utilisé à plusieurs reprises du chlore, une arme chimique, pour repousser les assaillants.

Palmyre

Au mois de mai 2015, une grande offensive de Daesh lui a permis de s’emparer de la ville de Palmyre, au centre du pays. La rapidité de l’effondrement de la défense syrienne dans cette zone et la retraite désordonnée de l’Armée arabe syrienne ont inquiété les Syriens que nous avons pu contacter. La région d’Homs, au cœur du territoire contrôlé par Assad, était menacée. Mais les offensives qui ont suivi ont été repoussées, sans pour autant que l’Armée arabe syrienne soit en mesure de reprendre la ville.

Au Sud, la frontière avec la Jordanie disputée

Les choses vont mieux pour l’Armée arabe syrienne au Sud du pays, où elle affronte l’Armée de Yarmouk (une faction de l’Armée syrienne libre), en coopération avec l’Armée de la libération de la Palestine et les Forces de défense nationale. Cette faction rebelle est connue en Occident pour avoir reçu en 2014 des armements antichars américains neufs (type BGM-71 TOW) qui n’ont pas empêché son repli sur le plateau al-Lijat, près de la frontière jordanienne.

À l’Ouest, la frontière avec le Liban sécurisée

À l’Est du Liban, dans une région montagneuse toute proche de la capitale Damas, le Front al-Nosra et l’Armée syrienne libre ont mené des offensives très dangereuses pour le régime au début du conflit. On se souvient notamment de la prise de Maaloula en 2013, qui a profondément marqué les chrétiens de la région. Mais l’Armée arabe syrienne, épaulée par le Hezbollah libanais, a progressivement fait refluer les djihadistes. La ville de Maaloula a été reprise, et plus largement l’accès à la frontière avec le Liban a été largement sécurisé. Une partie des rebelles est actuellement coincée dans Al-Zabadani, assiégée et vraisemblablement condamnée.

En Syrie, rien de nouveau

Malgré les alertes du printemps 2015, le régime de Bachar el-Assad tient encore les régions les plus peuplées de son pays. Il a dû renoncer en revanche à pratiquement toutes ses ressources pétrolières. Ses adversaires, en particulier Daesh et al-Nosra disposent de leur côté de moyens qui n’ont rien de commun avec ceux de structures terroristes classiques : elles sont comparables à celles de vrais États, avec beaucoup d’argent et des accès au matériel militaire le plus récent. Les Syriens que nous interrogeons voient l’arrivée des troupes russes comme l’unique solution pour mettre fin à cette guerre de quatre ans.

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