Depuis une semaine, l’armée égyptienne combat des groupes affiliés à l’organisation État islamique dans le désert du Sinaï. Non sans bavures…
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Dimanche 13 septembre, une erreur de tir de l’armée égyptienne aurait provoqué la mort de 12 personnes : des touristes mexicains et leurs accompagnateurs égyptiens. Leurs quatre pick-up ont été confondus avec des véhicules de groupes armés locaux.
Opération antiterroriste
Depuis le lundi 7 septembre, l’armée égyptienne a lancé une série d’opérations contre les groupuscules se réclamant de Daesh sous le nom de “État islamique dans la province du Sinaï”. Depuis le début de l’offensive, l’armée revendique la mort de 296 djihadistes et déplore celle de huit soldats égyptiens. C’est “la plus grande opération antiterroriste jamais menée dans le Sinaï”, selon Avi Issacharoff, journaliste au Times of Israël, qui observe les combats par-dessus la frontière.
Un foyer de terrorisme
Le maréchal Al-Sissi a pris la mesure de la menace que constituent les tribus bédouines du Sinaï, au cœur desquelles l’islamisme radical prolifère. Jusqu’alors, l’armée se contentait de surveiller les axes routiers stratégiques et les villes, et l’opération en cours marque une rupture dans sa stratégie. Il s’agit cette fois d’étouffer dans l’œuf les groupes terroristes.
L’Égypte connaît des attentats récurrents, causés notamment par des groupes liés aux Frères musulmans, organisation dont le champion, l’ancien président Mohammed Morsi, a été destitué par Al-Sissi en 2013, emprisonné et condamné à mort (condamnation confirmée le 16 juin dernier). Le 29 juin, le procureur général d’Égypte Hicham Barakat était tué dans un attentat à la voiture piégée.
Offensive d’été
L’Égypte, qui doit déjà faire face à la menace libyenne à l’Ouest, a connu une alerte chaude le mercredi 1er juillet. Les djihadistes de la Province du Sinaï ont tenté de s’emparer de deux villes dans lesquelles ils ont des sympathisants. Tentant de rééditer le coup de l’État islamique de juin 2014 à Mossoul, ils ont fait exploser plusieurs charges explosives, donnant l’assaut et comptant sur la panique pour faire fuir les forces de sécurité égyptiennes.
Mais l’armée égyptienne n’est pas l’armée irakienne de 2014, et celle-ci a réagi immédiatement et massivement. Appuyée par des hélicoptères Apache et des avions F16, elle a récupéré le territoire perdu. Cette attaque, quoiqu’elle se solde par un échec, marque un avertissement : les terroristes du Sinaï sont ambitieux ! Ils ne tentaient pas un simple “coup de main”, ils avaient l’intention de prendre possession d’un territoire et de l’administrer, à la manière de l’État islamique en Irak et en Syrie.
Les coptes, cibles privilégiées
L’Égypte accueille la plus grande minorité chrétienne de la région. Ils seraient 7,5 millions, soit 10% de la population du pays. Ils sont régulièrement la cible des pro-Morsi, c’est-à-dire des Frères musulmans, et de tous les groupuscules djihadistes qui souhaitent la chute du maréchal Al-Sissi. Ce dernier sait qu’il a naturellement le soutien de la minorité copte qui craint le retour des djihadistes. Lors de sa prestation de serment, le 8 juin 2013, il a publiquement déclaré : “L’Église a joué un rôle de premier plan dans l’Histoire de l’Égypte et apporté une contribution incontestable à la sauvegarde de l’unité nationale, faisant face à ceux qui fomentaient des conflits à l’intérieur du peuple égyptien”. À la suite de son investiture, durant l’été 2013, les sympathisants des Frères musulmans avaient brûlé une soixantaine d’églises.