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Analyse. Le règlement de la crise syrienne passe par la Russie et l’Iran

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Hadrien Desuin - publié le 14/09/15
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Le Conseil de sécurité doit reprendre l’initiative à New York pour vaincre Daesh et dépasser la question du futur de Bachar el-Assad.

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Alors que l’Onu s’apprête à ouvrir à New York (États-Unis) sa 70e session, la crise syrienne continue de diviser la “communauté internationale”. La Russie a renforcé ses moyens et son aide à une armée syrienne affaiblie. Irrités, les États-Unis ont demandé à leurs alliés otaniens de lui fermer leur espace aérien. Dans le même temps, la France et l’Angleterre ont fait leur entrée dans le ciel de Syrie. Le Liban ne sort pas de la crise politique. Surtout la Turquie a déclaré la guerre aux Kurdes. De sorte que les Kurdes, engagés sur le front syrien face à Daesh, se retrouvent attaqués sur leurs arrières par la puissante armée turque. Les réfugiés qui stationnent à la frontière turco-syrienne voient leur condition de vie s’aggraver et se décident à partir au péril de leur vie. Un exode à l’origine d’une crise migratoire sans précédent en Europe.

Malgré l’engrenage, tout n’est pas perdu. D’abord, Barack Obama et John Kerry sont en fin de mandat et semblent soucieux de laisser leur empreinte dans l’Histoire. L’accord qui a été signé sur le nucléaire a réintroduit l’Iran et la Russie dans le concert des nations; et ce sont deux acteurs majeurs en Syrie. Ensuite la France et la Grande-Bretagne sont désormais parties prenantes du conflit syrien. S’ils reviennent définitivement à la raison, ces deux pays peuvent tenter de rapprocher les positions russe et américaine comme cela a été fait en Ukraine. “Si un problème ne peut être résolu, il faut l’élargir”, disait justement Eisenhower. En élargissant la coalition à l’Iran et la Russie, Daesh pourra être vaincu. En revanche, si les grandes puissances continuent à se diviser sur les objectifs de guerre, alors l’État islamique a encore de beaux jours devant lui.

Un changement de méthode s’impose

Le format restreint de négociation qui a prévalu sur le dossier iranien entre les grandes puissances du Conseil de sécurité peut seul permettre de trouver une solution en Syrie. Les négociations menées par le secrétariat général de l’ONU et le groupe des “amis de la Syrie” se sont enlisés et ont prouvé leur inefficacité depuis quatre ans. La Turquie est trop occupée par sa crise interne et les pays du Golfe se concentrent sur le Yémen. La coalition sunnite, fragilisée par son intransigeance et sa phobie anti-chiite n’est plus en état de peser sur le règlement politique de la question syrienne. Il est donc temps de changer de méthode pour travailler avec les pays qui souhaitent réellement l’éradication de Daesh.

S’ils s’accordaient fin septembre, les membres permanents du Conseil de sécurité apporteraient par ailleurs une légalité et une légitimité internationale qui font cruellement défaut aux bombardements occidentaux.

Cet hypothétique accord butte aujourd’hui sur la question du sort personnel de Bachar Al Assad. Là aussi, il faut changer de méthode et de priorité. L’objectif commun qui réunit les grandes puissances, c’est la fin de Daesh. Il faut donc que les négociations se concentrent sur cet objectif et laissent de côté ce qui divise: le sort personnel de Bachar el-Assad. Question qu’il sera temps de rouvrir quand Daesh et al-Qaïda en Syrie seront vaincus. Lors de sa dernière grande conférence de presse, François Hollande a fait une petite ouverture ; il ne souhaite plus la fin du régime syrien mais seulement la marginalisation de Bachar el-Assad. Ce qui laisse ouvert la question de l’appui militaire à l’armée syrienne quand elle est confrontée à Daech mais aussi la réouverture de l’ambassade de France, nécessaire pour renouer avec le terrain politico-diplomatique.

Alliée à l’armée syrienne, une coalition victorieuse qui réunirait contre les groupes djihadistes les forces occidentales et l’alliance russo-iranienne serait davantage en position de négocier le futur d’une Syrie démocratique.

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