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La Turquie confisque des terres appartenant aux chrétiens exilés

TO GO WITH AFP STORY BY CAMILLE BOUISSOU
The Iraqi Christian Assyrian flag flutters over the town of al-Qosh, 45 kilometres north of Mosul, on September 19, 2014. According to the Assyrian Democratic Movement, Iraq's most prominent Christian political party, at least 2,000 men have already volunteered to fight the Islamic State (IS) group. AFP PHOTO / MOHAMMED SAWAF

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Sylvain Dorient - publié le 08/09/15
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Des familles assyriennes qui avaient fui le pays après le coup d’État de 1980 tentent aujourd’hui de revenir en Turquie mais trouvent leurs propriétés occupées par leurs voisins ou par l’État.

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Un rapport publié au cours de l’été par une journaliste allemande, Susanne Gusten, attire l’attention sur le cas de familles chrétiennes dépossédées par la Turquie alors qu’ils tentent ces derniers temps de revenir sur la terre de leurs ancêtres. De nombreuses familles assyriennes avaient en effet fui le pays secoué par les suites du coup d’État du 12 septembre 1980. Elles possèdent toujours officiellement leurs terres en Turquie même si elles étaient installées depuis plusieurs années en Syrie.

Jusqu’en 2011, il valait mieux être un chrétien syrien qu’un chrétien turc ; mais les choses ont changé, et les familles souvent élargies qui vivaient en Syrie depuis une génération tentent maintenant de revenir sur leurs terres d’origine. Elles y découvrent alors que bien souvent l’État turc ou leurs propres voisins kurdes ont fait main basse sur leur terrain, et ces familles rencontrent de grandes difficultés à faire valoir leurs droits.

Pratiquement aucun village épargné

Le rapport constate qu’à la faveur de la modernisation du cadastre turc, les propriétés des chrétiens ont souvent été rognées, voire carrément effacées. En raison de l’absence des propriétaires légitimes, certaines terres ont été octroyées à l’État ou à des tiers, parfois sous couvert de légalité.

La loi turque permet en effet d’acquérir des terres agricoles qui n’ont pas été travaillées pendant 20 ans ou plus. Mais la stricte application de cette loi ne prend pas en compte le fait que les propriétaires ne sont pas partis volontairement, mais plutôt mûs par la crainte et sous la pression des groupes armés qui ravageaient alors le pays.

Le cas emblématique du monastère Saint-Gabriel

Le cas du monastère Saint-Gabriel est désormais connu en Allemagne. Ce pays compte 120 000 membres de la diaspora assyrienne, et le cas de ce monastère construit en 397 et que l’État turc tentait de s’accaparer avait agité la presse allemande. L’édifice chrétien a finalement été sauvé de la mainmise turque, mais plus de la moitié des terrains du monastère demeurent encore aux mains de l’État. Malheureusement, la majorité de ces expropriations, officielles ou non, ne bénéficient pas d’une publicité comparable à celle qui a été donnée au plus vieil édifice chrétien de Turquie.

Autorités corrompues

Le rapport constate que les Assyriens chrétiens ne sont pas les seuls concernés par ces expropriations, plus ou moins crapuleuses. Certains membres des minorités yézidies, qui avaient eux aussi fui le pays, rencontrent les mêmes difficultés que les chrétiens. Il précise que les Assyriens ne sont pas protégés par les autorités locales qu’il accuse même de corruption. Les Assyriens chrétiens ont fait appel en vain aux dirigeants kurdes, et tentent à présent de se faire entendre via l’Allemagne, qui a des moyens de pression sur la Turquie.

Le rapport recommande en conclusion des actions concrètes : “Les recommandations du gouvernement appelant à accueillir avec bienveillance les Assyriens n’ont aucun effet. Aucune autorité locale ne se soucie de ces recommandations. (…) Il faut que le gouvernement admette que les Assyriens ont été injustement expropriés”.

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