Épuisés par cinq années de discriminations, les 43 établissements chrétiens de Terre Sainte entrent en grève illimitée, rejoints dans leur mouvement par plus de 450 000 élèves arabes israéliens…
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Depuis la rentrée, pas un enfant dans la cour des écoles catholiques de Terre Sainte. Sur les portails, un seul message à l’attention des parents : grève illimitée des établissements chrétiens. L’objet de la protestation ? La baisse d’environ 45% des subventions de l’État. “La grève est une étape nécessaire. Cela devait arriver parce que les discriminations dont sont victimes les écoles chrétiennes ne sont pas nouvelles. C’est peut-être un danger pour la scolarité des enfants, mais nous devons prendre ce risque. Nous sommes prêts à faire ces sacrifices”, réagit au micro de RFI un ancien élève de l’école Terra Santa de Ramleh.
Demande d’égalité de traitement avec les écoles juives
Bien que reconnues par l’État, les écoles chrétiennes ne disposent pas d’un statut officiel comme les écoles publiques juives. Elles reçoivent donc moins de fonds et subissent plus de contrôle sur le programme scolaire. “Depuis cinq ans, les aides que nous recevons ne font que diminuer”, déplore le frère Abdel Masih Fahim, à la fois supérieur du couvent de Saint-Nicodème et Saint-Joseph d’Arimathie, curé de la paroisse et directeur de l’école, à Ramleh. “Nos écoles sont loin d’être sur un pied d’égalité avec les écoles juives. Elles ne reçoivent que 65% à 75% des subventions alors que les écoles gouvernementales reçoivent 100% et plus”. Mais ces faibles subventions n’empêchent pas le taux de réussite qui atteint le plus souvent des chiffres records.
Pas question d’arracher les écoles chrétiennes à leurs traditions
Au cinquième jour de grève, le mouvement a pris de l’ampleur. Il a été rejoint par plus de 450 000 élèves arabes israéliens, eux-mêmes victimes de discriminations notamment en matière d’emploi, de logement, et d’éducation. Dimanche, ils étaient des milliers à manifester sous les bureaux du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Jérusalem. Parmi eux, les dirigeants de l’Église catholique en Israël, plusieurs membres arabes israéliens de la Knesset et des chefs municipaux. “Ôtez les mains de nos écoles”, lisait-on sur les pancartes des manifestants peintes en jaune et or, les couleurs de la Cité du Vatican.
La question des écoles chrétiennes en Israël était au cœur des discussions entre le pape François et le président israélien, Reuven Rivlin, le 3 septembre dernier au Vatican. Ainsi, au cours d’une interview à une radio arabo-israélienne de Nazareth, le ministre de l’éducation de l’État hébreu s’est borné à déclarer : “Le Pape est au courant de la situation, et le gouvernement, y compris le ministère de l’Éducation, s’efforcera de mettre fin à la crise”. Le ministère propose de la résoudre en accordant le statut public aux écoles chrétiennes. Proposition aussitôt rejetée par le Conseil directorial de ces écoles au motif qu’il n’est pas question “d’arracher les écoles à leur histoire et traditions, dont certaines durent depuis des centaines d’années”.
Un arrêt de mort contre les chrétiens en Israël ?
Le bras de fer se fait sentir à Ramleh, mais également à Jaffa, Haïfa, Nazareth ou Acre où le sentiment d’être minoritaire se fait cruellement sentir. Ces 43 écoles non-gouvernementales scolarisent des élèves citoyens de l’État. Elles visent une éducation de qualité pour contribuer à une société plus juste. Ayman Odeh, député à la Knesset, confirme que près d’un tiers des universitaires arabes sont issus de ces écoles. Il accuse : “Le gouvernement essaie maintenant de réduire ces écoles au silence… On ne peut pas parler d’égalité des chances et nuire aux écoles qui réussissent à briser le plafond de verre”.
À la fin du mois de mai, plusieurs représentants des écoles chrétiennes étaient allés jusqu’à accuser le ministère de l’Éducation de vouloir “assécher” les écoles chrétiennes. “S’ils ne veulent pas d’éducation chrétienne en Israël, qu’ils le disent tout haut et non d’une façon détournée”, confiaient-ils à Haaretz. Pour ces 43 écoles chrétiennes, l’attitude gouvernementale revient à signer “un arrêt de mort contre tous les chrétiens dans le pays”.