La petite victime d’un naufrage en Méditerrannée fuyait le siège de sa ville natale de Kobané par l’État islamique. Les autorités canadiennes avaient refusé l’asile à sa famille.
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La mer Méditerranée a réclamé son tribut de vies humaines. Abandonnée aux seuls passeurs clandestins qui s’enrichissent du malheur et de l’instinct de survie de tout un peuple, elle a englouti comme un fétu de paille une embarcation de fortune surchargée de migrants kurdes dans la nuit de mardi à mercredi.
L’humanité venue s’échouer sur nos rives
De nouveaux corps sans vie ont touché l’Europe tant convoitée. Les survivants pleureront longtemps en silence leurs amis ou leurs familles disparus. Quelques garde-côtes, dépassés, soulèvent ici un enfant, recouvrent là sa mère d’une couverture dérisoire. L’humanité est venue s’échouer sur nos rives, scandent aujourd’hui les réseaux sociaux. Le monde politique, lui, tarde encore à s’en émouvoir.
Trente syriens tentaient de rallier l’île de Kos en Grèce depuis les rives de la Turquie. Leurs deux navires n’ont jamais atteint la plus proche porte d’entrée vers l’Europe. Galip et son frère, âgés de 5 et 3 ans, ont péri avec dix autres passagers, nous apprend le Daily Mail. La photo du plus petit, rejeté par les flots sur une grève nue et froide a ému la planète en quelques heures.
Depuis le début de l’année, plus de 330 000 personnes ont franchi la Méditerranée et 2 500 migrants y ont laissé la vie. L’an dernier à la même période, on en dénombrait 90. La Turquie en aurait recueilli plus de 40 000 qui s’ajoutent aux 2 millions de déplacés syriens déjà sur son sol.
Une demande d’asile rejetée par le Canada
La petite famille d’Aylan Kurdi avait fui la ville syrienne à majorité kurde de Kobané, assiégée par l’État islamique, pour Istanbul avec l’espoir de gagner l’Europe puis le Canada. Une tante, expatriée depuis 20 ans s’était portée garante de ses proches et parrainait leur demande d’asile auprès du Bureau de l’immigration canadienne. Sans succès.
Les kurdes syriens sont prêts à tout pour fuir la Turquie où les Nations unies leur refusent le statut de réfugiés. Ils se voient systématiquement privés de passeport et de visas de sortie par les autorités d’Ankara.
Moyennant 2 050 euros par personne, la famille Kurdi a tenté la traversée des 13 miles marins qui séparent Bodrum de l’île de Kos. Le bateau s’est retourné à quelques centaines de mètres du rivage seulement. Abdulah, le père des deux garçons, entreprendra seul le chemin du retour pour les enterrer dans leur ville natale.