L'entreprise éducative chrétienne en Israël peut se targuer d'une longue expérience sur le terrain ; ce ne sont en effet pas moins de 47 établissements qui dispensent un enseignement de qualité à des milliers d'enfants, tant chrétiens que musulmans, cela depuis de très nombreuses années.
Le cœur du problème
Pour l'État d'Israël, ces écoles ont le statut de "reconnues mais non publiques" et bénéficient à ce titre d'un pourcentage de financement à hauteur de 65% ; un pourcentage tombé à 35% depuis 2013, obligeant ainsi les écoles à augmenter les frais de scolarité, à la charge des familles dont les revenus, pour beaucoup, peinent à dépasser la moyenne nationale.
Devant le risque d'asphyxie économique des écoles et des familles, le Bureau des écoles chrétiennes décide d'en appeler aux autorités israéliennes. "Nos revendications sont simples, affirme le père Faysal Hijazin, secrétaire général des écoles du Patriarcat latin de Jérusalem en Israël et Palestine. Nos écoles ont droit au même traitement que les autres, et nos enfants ont le droit d'étudier, comme tous les autres enfants israéliens."
Échec des négociations
Plus de huit mois de négociations acharnées opposent alors le Bureau des écoles chrétiennes (BEC) au ministère israélien de l'Éducation, avant que celui-ci ne propose aux écoles chrétiennes de devenir "publiques". C'est uniquement à cette condition qu'elles pourraient bénéficier d'un financement total de l'État. Impensable pour le BEC : cette "perte d'identité" des écoles porterait un "coup tragique à la présence chrétienne en Terre Sainte".
En mai dernier, professeurs, parents et élèves s'étaient réunis devant le siège du ministère de l'Éducation pour une manifestation sans précédent. Plusieurs représentants d'Église s'étaient joints à l'événement en signe de solidarité. Mais le ministère n'avait pas fléchi.
Une nouvelle réunion s'est tenue fin août, sous l'égide du président israélien, Reuven Rivlin, afin de relancer les négociations, en présence notamment du ministre de l'Éducation, Naftali Bennett. Le BEC avait noté des "pas positifs", avant d'affirmer dans un communiqué publié ce lundi, que cette réunion n'avait été finalement qu'un "prétexte" pour "gagner du temps". La menace longtemps brandie a donc été mise à exécution, en désespoir de cause : le BEC appelle à une grève illimitée dans tous les établissements, annonce de possibles manifestations, et promet surtout de se battre jusqu'au bout pour les droits des écoles chrétiennes en Israël et ceux de leurs élèves.