“Vous puez”, crient les manifestants à Beyrouth qui dénoncent un gouvernement libanais paralysé, incapable de diriger le pays.
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Dans les rues de Beyrouth, les ordures s’accumulent depuis un mois. À la suite de la fermeture du principal site d’enfouissement de la ville, aucune solution de remplacement n’a été trouvée par le gouvernement libanais qui nage en pleine confusion. Dimanche 23 août, de violents heurts entre manifestants et forces de police ont fait 70 blessés.
Un avion sans pilote
Le pays est toujours sans chef d’État depuis le 25 mai 2014, date à laquelle le mandat du président de la République Michel Sleimane est arrivé à échéance. Les députés libanais ne sont pas parvenus depuis à désigner un successeur, malgré 14 séances électorales. Cette situation est d’autant plus critique que le mandat du parlement, autoprorogé en juin 2013, devrait expirer le 16 novembre prochain.
Outre la fragilité fondamentale du système politique libanais, cette situation révèle la contagion du conflit syrien au Liban. Parmi les candidats : le chef chrétien anti-syrien Samir Geagea et le député centriste Henri Hélou n’ont pas pu obtenir la majorité des votes, bien que le second, Henri Hélou, devrait logiquement l’emporter. Le Courant patriotique libre (CPL), mouvement chrétien violemment opposé à l’élection d’un président considéré comme un anti-syrien et proche des sunnites, s’associe au Hezbollah chiite pour bloquer son élection en la boycottant.
Affaiblissement des chrétiens
Le Liban étant composé d’une mosaïque de peuples et de religions, une répartition des pouvoirs par communauté religieuse a été mise en place dès l’origine de son indépendance en 1941. Le président de la République est toujours un chrétien maronite, le Premier ministre un musulman sunnite et le président du parlement un musulman chiite. Dans ces conditions, la division des chrétiens entre pro-chiites et pro-sunnites les affaiblit dangereusement, car ils ne sont plus représentés au sommet de l’État. C’est tout le pacte national libanais, reposant sur un équilibre subtil, qui est mis en danger par cette situation.
En septembre 2007 déjà, à la fin du mandat d’Émile Lahoud, le Liban était resté sans président pendant plus de six mois. Mais cette fois, la situation du Liban est bien plus préoccupante, avec la présence sur son sol de près d’un million et demi de réfugiés, soit le tiers de sa population, et une économie menacée d’effondrement. Sa dette publique culmine à 167% et son taux de croissance ne dépasse pas 1%, ce qui fait craindre à Bachir El-Khoury, journaliste pour Slate basé à Beyrouth, un scénario grec au Liban.